Le discours royal décrypté par Mohamed Darif
Le discours prononcé mercredi par le roi Mohammed VI, à Ryad, à l’occasion de la tenue du Sommet Maroc-Pays du Golfe, son contexte, les enjeux d’un plan visant à remodeler la carte géostratégique du monde arabe, sont au centre de cet entretien, accordé au Site Info par le Dr Mohamed Darif, politologue et président du parti des néo-démocrates.
Le Site info: Pouvez-vous, tout d’abord, nous présenter le contexte de la tenue du Sommet Maroc-Pays du Golfe, mercredi, à Ryad?
Mohamed Darif: C’est le premier sommet qui donne corps au partenariat stratégique entre le Maroc et les pays du Golfe. Son contexte intervient après l’avènement de ce qu’on a abusivement qualifié de « printemps arabe », en 2011. L’origine de ce partenariat est à chercher dans l’idée proposée pour la création d’un club des monarchies arabes, groupant les pays du Golfe, la Jordanie et le Maroc. Par conséquent, ce sommet constitue l’incarnation institutionnelle de ce partenariat stratégique. D’où l’importance du discours royal qu’on peut qualifier, à juste titre, d’historique.
Quel est votre décryptage des grands axes de ce discours ?
Nous sommes en présence d’un discours à deux vérités. La première est que le monde arabe se trouve menacé. De ce fait, aucun Etat arabe ne doit penser qu’il n’est pas concerné ou visé par ce qui se trame sur l’échiquier international. Cette vérité met à nu un plan visant à reconfigurer et à remodeler la carte géostratégique de la région, sans distinction aucune entre les pays du Machrek et du Maghreb.
La seconde vérité réside dans le fait que le Maroc est visé dans son intégrité territoriale. C’est la raison pour laquelle ces deux vérités sont intimement liées. L’idée de cibler l’intégrité territoriale du Maroc s’inscrit pleinement dans un vaste plan de remodelage de la carte géostratégique du monde arabe.
Dans son discours, le roi Mohammed VI a rappelé à qui de droit que le Maroc n’est pas un protectorat. Selon vous, à qui est destiné ce message ?
Le discours royal est adressé d’abord aux ennemis de l’intégrité territoriale qui cherchent à pousser l’ONU, et le Conseil de sécurité en particulier, à imposer un dictat portant atteinte à l’unité du territoire national.
Ensuite, aux Etats-Unis dont certains responsables épousent les thèses du mouvement séparatiste et cherchent à imposer l’idée déjà caduque du référendum.
Et enfin, ce discours est adressé aux pays du Golfe. Le Maroc est indépendant dans ses décisions et sa politique étrangère. C’est un pays qui respecte et honore son engagement. Un pays sur lequel les pays du golfe peuvent compter pour toute épreuve.
Dans son discours, le souverain a administré une leçon au secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon. Un commentaire ?
Le discours royal de Ryad est celui de la clarté. Le roi a démontré que le problème n’est pas entre le Maroc et l’ONU, mais entre le royaume et le SG onusien. Ce dernier est victime d’une manipulation et d’une instrumentalisation de ses proches collaborateurs, connus d’ailleurs pour leurs positions anti-marocaines. Le Maroc continuera à coopérer avec les instances de l’ONU, sur la base du respect de la solution qu’il a proposée en 2007 accordant le régime d’autonomie aux provinces du sud, dans le cadre de la souveraineté nationale.
Propos recueillis par Noureddine Boughanmi