Maroc

Les Marocains, de plus en plus nombreux à fêter Noël

À quelques jours de Noël, le sapin naturel, la décoration la plus emblématique des fêtes de fin d’année est introuvable au Maroc. Les retardataires n’ont d’autre choix que de se contenter de faux arbres pour passer la fête en famille.

La pandémie a considérablement bouleversé nos interactions sociales. Si le confinement total n’est plus en vigueur, la distanciation physique est toujours de mise dans un contexte de crise économique qui peine encore à se dissiper. Alors que les cérémonies de mariages et d’enterrements sont toujours interdites au Maroc, toutes les occasions sont bonnes pour faire la fête. Quand Noël pointe le bout de son nez, le prétexte est tout indiqué pour rêver de la chaleur des retrouvailles familiales.

Si les Marocains ne sont pas fans des soirées Karaoké, ils sont de plus en plus nombreux à passer de joyeux moments en famille à cette occasion. Résultat, au fil des ans, un petit marché s’est construit autour du sapin de Noël, la décoration la plus emblématique des fêtes de fin d’année. Le fleuriste «Fleuritel», qui revendique 20 ans d’expérience, s’est fait un nom dans le domaine, notamment en ce qui concerne la livraison de fleurs et de sapins de Noël à domicile.

Dans les locaux de l’entreprise, sis au quartier Beauséjour, le téléphone n’arrête pas de sonner. Alors que les réceptionnistes s’activent fébrilement, les clients vont et viennent en cette belle matinée de décembre, à quelque jours seulement du 24 décembre.

Sur les lieux, les pots de fleurs qui embellissent le décor, en attendant preneurs, rivalisent de beauté. Il y en a pour toutes les couleurs, et visiblement, pour toutes les bourses. Ce qui manque en revanche, ce sont les sapins de Noël. Pas un seul arbre dressé sur place !

«Tout est parti. Nous avons vendu tous nos sapins de Noël», nous signale la responsable des lieux. Or, il y a encore quelques jours, l’endroit était rempli de conifères, bons pour le service et prêts à partir. C’était le moment propice pour une grande course aux sapins de Noël, preuve que le marché a réussi à faire face à la crise sanitaire. Ici, les prix commencent à partir de 800 DH pour un petit arbre de 1,5 m. «Tout dépend de la taille et de la qualité des arbres qui peuvent atteindre 4 m de long», nous explique-t-on chez Fleuritel.

«Nous avons des clients fidèles qui viennent, chaque année, acheter leur arbre ici, sachant qu’ils trouveront toujours un sapin de bonne qualité», se vante notre interlocutrice qui se garde de nous dévoiler le chiffre d’affaires de son business. Il faut dire que les vendeurs ont une fenêtre de vente plutôt serrée.

D’habitude, la commercialisation commence début novembre et se prolonge jusqu’au 10 ou 12 décembre. Mais cette année, exceptionnellement, les arbres sont partis plutôt que d’habitude. Les gens avaient peur de ne pas avoir leur sapin. Du coup, ils sont venus s’approvisionner très tôt, nous dit-on. Mais qui sont celles et ceux qui achètent les sapins de Noël au Maroc ?

Parmi les acheteurs, figurent certes, de plus en plus de Marocains, mais une bonne partie de la clientèle est constituée d’expatriés occidentaux, encore fidèles à leurs traditions. Et l’arbre le plus prisé reste le sapin de Noel Nordmann. Très ancienne variété cultivée en haute-tige dans les prés-vergers du Nord de la France, en Picardie et en Belgique, la bûche est importée d’Europe car ne pouvant pas pousser au Maroc. Le Nordmann a la réputation d’être résistant. Il garde ses aiguilles et sa superbe au-delà du soir du Réveillon, même s’il a été vendu plusieurs jours auparavant. Selon les spécialistes, c’est également un excellent choix pour certaines familles où les allergies, voire la sensibilité à l’armoma typique de l’arbre de Noël, sont un problème car le Nordmann n’exhale aucun parfum.

Chez le Céladon où les Marocains peuvent s’offrir le sapin du Caucase de Crimée, n’eut été la rupture de stock qui semble générale au Maroc, l’arbre de la famille des Pinacées est décrit comme «un excellent moyen de créer un Noël magique et inoubliable !» En réalité, d’une beauté et d’une durabilité inégalées, les sapins de Noël Nordmann ont toujours été populaires en Europe, à travers les âges, et gagneraient encore plus en popularité au Maroc. Sauf qu’ils ne sont pas accessible à toutes les bourses.

Pour s’offrir un arbre d’une taille comprise entre 2.5 et 2.8 m, il faut débourser 2.900 DH. À ce prix, les Marocains les moins fortunés sont tentés par les arbres artificiels dont les prix varient entre 139 et 549 DH, selon la qualité et la taille du produit. Alors que le marché global des sapins de Noël se développe dans le pays, il reste encore très loin de sa taille critique. Le secteur est largement dominé par des produits d’importation et la culture du sapin est encore embryonnaire au Maroc, au vu des conditions climatiques peu favorables. Ce qui fait qu’il n’existe presque pas de producteurs locaux. Autre chose, officiellement, les musulmans ne fêtent pas Noël alors qu’en France, par exemple, le sapin trône dans 22 % des foyers à Noël. On estime que 6 millions d’arbres sont vendus chaque année dans l’Hexagone, représentant un chiffre d’affaires 186 millions d’euros.

Khadim Mbaye / avec Les Inspirations ÉCO


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