L’énigme de l’assassinat de Mehdi Ben Barka a fait couler beaucoup d’encre depuis plus de 50 ans. Plusieurs versions ont été avancées à ce sujet, mais la vérité est toujours enfouie dans les archives des services secrets de plusieurs puissances.
Parmi les 7700 documents que l’agence de renseignement américaine a laissé fuiter ces derniers temps, il y a une lettre de l’ambassadeur américain à Rabat, datée de février 1966 et qui informe l’administration du contenu des rencontres qu’il a eues avec des dirigeants du parti de l’Istiqlal de l’époque. Ainsi, selon cette missive diplomatique, classée « secret défense », un grand dirigeant de ce parti a révélé à l’ambassadeur, en présence du leader Allal El Fassi, que les responsables français leur ont assuré que la CIA avait joué un rôle dans l’assassinat de l’opposant marocain.
Cette information a été confirmée, ajoute la lettre, par deux émissaires américains et un agent italien qui ont été approchés par des diplomates français, dont le chef du service d’information de l’ambassade de France, et leur ont confié que Paris détenait la preuve du rôle central qu’a joué la CIA dans cet assassinat.
A noter que la France a déclassifié partiellement, en 2008, 165 documents se rapportant à cette affaire, mais qui n’ont pas apporté d’éléments substantiels.
Mehdi Ben Barka a été enlevé par des agents secrets à Paris, devant le café Lipp du boulevard Saint-Germain, le 29 octobre 1965. Il s’était rendu à Paris venant de Genève, où il était exilé, pour répondre à une invitation qui lui avait été adressée par une chaîne de télévision censée produire un documentaire retraçant son activité politique. Ce n’était en fin de compte, qu’un leurre et un piège tendu par ses assassins. Depuis, sa famille, ses camarades de l’Union nationale des forces populaires et l’opinion publique attendent que la vérité éclate un jour sur cette affaire.
T.J.
