Maroc

Un éditeur marocain veut poursuivre Eric Zemmour en justice

Grande bataille dans le monde de l’édition. Elle devrait opposer l’éditeur marocain Abdelkader Retnani qui ne décolère pas après qu’Eric Zemmour, polémiste et potentiel candidat à la présidentielle française, lui ait «volé» le nom de sa maison d’édition.

En effet, en septembre dernier, Retnani a découvert avec surprise que l’auteur de «La France n’a pas dit son dernier mot» avait créé un site nommé «Croisée des chemins».

Ce dernier permet aux intéressés de s’inscrire pour les conférences données lors de sa tournée nationale. «Dès que j’ai vu ce site, j’ai directement contacté mon avocat à Paris. Je ne partage pas les mêmes valeurs, ni les mêmes visions que ce journaliste.

Je tiens à ce que mon nom ne lui soit pas associé», explique Abdelkader Retnani. Me Hubert Seillan, avocat au barreau de Paris, a dès lors envoyé une lettre à Eric Zemmour, le sommant de cesser d’utiliser cette appellation qui peut mener à un «risque très élevé d’amalgame».

«L’ancienneté de la maison d’édition, la qualité de milliers d’ouvrages diffusés en Europe, en Afrique et dans la francophonie lui confèrent une notoriété suffisante pour que des confusions s’établissent dans l’esprit du public», lit-on sur le courrier.

«Ses engagements philosophiques sur les thèmes de la liberté religieuse, d’une interprétation contextuelle des écritures, sur les libertés fondamentales et notamment pour les femmes, sur le vivre-ensemble et la tolérance sont si fortement opposés aux vôtres, qu’elle considère que votre choix correspond à une usurpation», précise l’avocat.

Toutefois, Retnani n’ayant pas déposé de marque commerciale en France aura du mal à gagner cette affaire. «Le droit des marques est un droit territorial.

Une marque ne peut être défendue que si elle est déposée ou si elle a atteint un certain niveau de notoriété dans le pays où elle dépose plainte.

Ce que l’on appelle une marque notoire», explique un avocat spécialiste en droits d’auteur et en propriété industrielle.

En effet, les marques notoires bénéficient d’une protection étendue. Mais pour faire valoir son droit, il faut être connu d’un très large public. Les juges sont très exigeants dans l’appréciation du caractère notoire.

«À partir du moment où l’édition La Croisée des chemins n’est pas notoire en France, cet action est perdue d’avance», poursuit-il. Pourtant, l’éditeur marocain ne semble pas avoir dit son dernier mot. Il compte avoir recours à la justice française dans les jours à venir si Eric Zemmour ne réagit pas.

«Ceci est une manifestation de colère contre une personne qui n’a aucune valeur, ni principe. J’entame ces procédures pour que les gens sachent, en France surtout, que la ligne éditoriale de la Croisée des chemins ne répond pas aux objectifs d’Eric Zemmour. J’ai toujours prôné le vivre-ensemble et la tolérance contrairement à lui», fustige Retnani.

Tilila El Ghouari (avec Les Inspirations ÉCO)


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