L’hospitalisation du chef des séparatistes en Espagne vue par un politologue
L’hospitalisation du chef des séparatistes du polisario, Brahim Ghali en Espagne sous une identité algérienne fait partie de ce genre d’événements susceptibles d’indiquer un tournant ou une accélération de l’histoire. Et même la fin d’une époque, estime vendredi le politologue Mustapha Tossa.
Signe des temps, Brahim Ghali a été hospitalisé en Espagne sous l’identité d’un citoyen algérien du nom de Mohamed Ben Batouche, « sûrement pour échapper » à une plainte pour viol déposée contre lui en 2010 par des associations de droits de l’homme et par une jeune sahraouie issue des camps de Tindouf du nom de Khadijatou Mahmoud, relève Tossa dans une analyse sous le titre « Polisario, la fin d’une époque ».
Avec cette interrogation qui doit hanter les militaires d’Alger, le chef du polisario finira-t-il devant les tribunaux espagnols pour viol et tortures ?, s’interroge le politologue, ajoutant que “cela sera le comble et la fin spectaculaire d’une vie de mercenaire à la solde d’Alger”.
Déjà, le front séparatiste dont il dirigeait les rênes vivait en tout état de cause le crépuscule de son histoire, note Tossa dans cette analyse publiée sur le site Atlasinfo, ajoutant qu’il incarnait une ambition à contre nature de l’histoire et de la géographie, le front polisario, d’autant plus que “ses succès illusoires” ont surtout été l’œuvre d’une diplomatie algérienne qui lui avait dédié, pendant des décennies, la totalité de ses ressources humaines et financières.
Mais, sous les “coups de boutoir d’une diplomatie marocaine efficace et performante, le cercle de ses sympathisants à l’international n’a cessé de se rétrécir au point de se compter sur les doigts de la main”, relève le politologue.
Le discrédit des séparatistes du polisario, poursuit-il, fut accentué par plusieurs facteurs dont la prise de conscience de la communauté internationale qu’il s’agit là d’une « Fake » crise entretenue artificiellement pour servir des agendas totalement étrangers aux intérêts de la population de cette région.
“Le maintien en isolement total des camps de réfugiés pendant des décennies au point que des générations entières vivent hors du temps, le scandale des détournements de l’aide humanitaire européenne, la porosité entre les milices armées du polisario et les groupes terroristes qui sillonnent la région du Sahel .. autant de facteurs qui ont participé à dessiller le regard étranger sur cette discorde territoriale et sur ses véritables enjeux”, explique Tossa.
Aujourd’hui, note-t-il, l’affaire du polisario n’est ni plus ni moins qu’une affaire de renseignements militaires algériens qui l’avaient imposé comme dossier orphelin et prioritaire de la diplomatie algérienne avec un objectif malin ouvertement assumé : affaiblir le Maroc en le coupant de sa profondeur et de ses racines africaines et s’octroyer à bon prix une ouverture sur l’Atlantique. Cette vision est la colonne vertébrale de l’animosité algérienne à l’égard du Maroc, estime Tossa.
Elle a constitué pendant des années la seule ligne directrice de sa diplomatie et mobilise pour cela toutes ses énergies pour y parvenir au point d’en faire une enjeu de survie politique, relève-t-il.
Aux yeux de Tossa, le polisario est si imbriqué dans les dossiers de l’armée algérienne que pour trouver une issue à cette crise, l’un des moyens les plus efficaces est d’extraire ce dossier de ces tiroirs, soit par la négociation politique directe, soit par la pression internationale.
Et d’ajouter que cette pression a connu un saut qualitatif avec la reconnaissance américaine et sera amenée à s’accentuer et à prendre de l’ampleur avec la stratégie marocaine d’exiger des amis et des alliés du Maroc de clarifier leurs positions et d’oser la reconnaissance totale sur le model américain.
Depuis des décennies, l’armée algérienne exerce un contrôle « soviétique » sur les camps de réfugiés sahraouis, s’arrange pour éliminer tous les sahraouis détenus qui expriment une ouverture sur le Maroc et maintient les populations de ces camps dans un état de détresse, de terreur, de frustrations et de violences pour pouvoir les manipuler à sa guise, dénonce-t-il.
Pire que cela, estime l’éditorialiste, le polisario est devenu pour des pans entiers de l’armée algérienne un juteux fond de commerce, un instrument d’enrichissement et de détournement de fortune, car “c’est au nom de l’aide militaire apportée à ces séparatistes, que les budgets militaires sont validés en secret. C’est au nom de l’aide humanitaire internationale que les détournements et les plus values sont réalisés”.
“Il est fort à parier aujourd’hui que si les autorités algériennes ouvrent les portes closes de ces camps de réfugiés, on pourrait assister à « une marche verte à l’envers », où des populations sahraouies marcheraient dans le désert du Sahara vers le Maroc, pour sortir de cet enfer qui n’en finit plus et rejoindre leur patrie, le Maroc. Avec cet objectif d’être partie prenante de la solution d’autonomie proposée par le Royaume et qui séduit tous les forums internationaux”, conclut-il.
S.L. (avec MAP)