Colorado répond à MHE
Le ministère de l’Industrie, du commerce et de l’économie verte et numérique a annoncé, lundi dernier, l’interdiction de l’utilisation des jetons de peinture sous toutes leurs formes ainsi que les programmes d’intéressement ou de fidélité liés à la vente de peinture. Une annonce suite à laquelle Colorado a été le premier opérateur du secteur à réagir.
Dans un communiqué, l’entreprise a dénoncé des pratiques frauduleuses qui gangrènent le marché, soulignant que la décision du ministère vient après de nombreux échanges et réunions des opérateurs avec le Conseil de la concurrence et le ministère de tutelle.
À ce propos, Meriem Lotfi, directrice générale adjointe du Pôle support chez Colorado, indique que l’entreprise «a toujours collaboré avec les pouvoirs publics tout en essayant d’inscrire cette décision dans un cadre plus global. Nous avons milité pour que cette transition se fasse en respectant les intérêts de toutes les parties prenantes : fabricants, revendeurs et peintres». Concernant les diverses interprétations qui ont circulé à propos de la récente décision du ministère, notre interlocutrice assure que «les peintres marocains sont des professionnels de haut niveau, convoités pour leur expertise dans plusieurs pays au Moyen-Orient et en Europe. Nous pouvons en témoigner puisque nous exportons vers une vingtaine de pays et le peintre marocain est toujours considéré comme le meilleur dans son domaine et apprécié par les clients».
Au-delà des jetons…
Dans son communiqué, Colorado explique que les problématiques du secteur dépassent le point relatif aux jetons et autres intéressements accordés aux artisans. Plusieurs mesures urgentes et prioritaires sont à prendre dans cette activité, défend l’entreprise. Parmi elles, la nécessité de mettre en place des normes pour garantir la qualité des produits et protéger la santé des consommateurs et des peintres ainsi que le marché marocain contre les importations anarchiques.
«Aujourd’hui, les peintures peuvent entrer sur le marché sans aucun contrôle ni sur le produit ni sur l’importateur. Nous militons aussi pour que les pouvoirs publics luttent contre l’informel industriel qui gangrène notre secteur», alerte Meriem Lotfi. Elle tire également la sonnette d’alarme sur d’autres pratiques informelles, telles que l’installation d’unités de fabrication de peintures dans des caves ou au coeur de douars, exposant employés, voisinage et consommateurs à de nombreux risques. La directrice générale soutient que ces unités illégales «s’amusent souvent à imiter nos produits en termes d’emballage et de marques pénalisant notre activité et nous obligeant à fournir un effort considérable pour les traquer». Par ailleurs, Lotfi préconise l’instauration d’un environnement sain qui bénéficierait à l’écosystème et aux entreprises structurées du secteur. Colorado, de son côté, entend poursuivre sa stratégie commerciale qui «place le client et les prescripteurs au centre de nos préoccupations», ajoute la directrice générale, mettant l’accent sur le mix marketing déployé par l’entreprise via ses showrooms, les rencontres avec les peintres, leur formation, l’innovation, le service client, etc. «Tout ceci est appelé à se développer davantage à l’avenir», assure la responsable.
Jetons de peinture : Compte à rebours enclenché
Les professionnels et fabricants de peinture de bâtiment ont jusqu’au 30 avril prochain pour retirer du marché tout type de jeton de peinture ou tout autre programme d’intéressement ou de fidélité lié à la vente de peinture et ce, de manière définitive. Un dispositif de contrôle sera mis en place au niveau des usines, des circuits de distribution et à l’import pour veiller au respect de l’arrêt de cette pratique. Rappelons que cette pratique est punie par le Code pénal stipulant dans son article 339 que «la fabrication, l’émission, la distribution, la vente ou l’introduction sur le territoire du royaume de signes monétaires ayant pour objet de suppléer et de remplacer les monnaies ayant cours légal est punie de l’emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 500 à 20.000 DH». Pour le ministre de l’Industrie, Moulay Hafid Elalamy, «il est inadmissible que ce genre de pratiques continue de sévir sur le marché au nom de la concurrence. Cette pratique conduisant au renchérissement du prix se fait au détriment du citoyen en violation des lois en vigueur, de la protection du consommateur, de la liberté des prix et de la concurrence». Il déplore surtout le fait que ces usages profitent uniquement à l’artisan peintre puisque le prix du pot de peinture est supporté en totalité par le consommateur.
Mariama Ndoye