Maroc

Production de vaccins anti-Covid: le Maroc pourrait devenir un hub pour l’Afrique (Entretien)

Lamia Tazi. Secrétaire Générale de la FMIIP et PDG de Sothema.

Comment la crise a-t-elle impacté l’industrie des essais cliniques au Maroc ?
On ne peut pas parler d’industrie d’essais cliniques au Maroc, elle est embryonnaire. En revanche, le fait que le Maroc et son industrie pharmaceutique aient participé à l’essai clinique vaccinal chinois, le premier du genre à l’échelle de l’Afrique, pourrait donner naissance à cette industrie. Il s’agit d’une importante opportunité pour notre pays. Le secteur des essais cliniques pèse 40 milliards de dollars, avec une croissance annuelle à deux chiffres. Le Maroc possède les compétences lui permettant de se présenter comme un pôle d’attraction des investissements dans ce domaine, venant des plus grandes firmes pharmaceutiques et des centres de recherche qui souhaitent sous-traiter leurs études cliniques sur des médicaments chimiques et biologiques en développement. Cela offrira aux chercheurs marocains des milliers d’opportunités d’emplois ainsi que des carnets de commandes pour les startups naissantes dans notre pays.
On a dit que le Maroc serait en pôle position en Afrique pour fournir le continent en vaccins grâce à une formule chinoise ou encore que le Maroc pourrait devenir un hub pour l’Afrique dans la lutte contre la Covid-19.

La Commission européenne a annoncé le jeudi 18 février être prête à accompagner la naissance d’une filière de fabrication de vaccins, si le Maroc décidait de prendre ce cap. Comment accueillez-vous cette nouvelle ?
Positivement et avec beaucoup d’optimisme! Un tel projet donnera au Maroc une position de leader à l’échelle africaine en matière de production des vaccins. Je crois que les conditions sont réunies pour réussir ce challenge : une volonté royale pour transformer le Maroc en pôle de production des vaccins à l’échelle de l’Afrique, des partenaires européens qui veulent accompagner cette volonté et des laboratoires nationaux qui sont prêts à investir. Nous espérons qu’un tel projet verra le jour très prochainement.

Quels sont les enjeux de la concrétisation d’un tel projet pour le Maroc et les pays africains ?
Le premier enjeu est évidemment la sécurité sanitaire. On voit bien qu’aujourd’hui, tout pays qui espère la reprise de son économie et un retour rapide à la vie normale, procède à la vaccination massive de ses citoyens. Mais le problème auquel le monde fait face est celui de l’énorme déficit des capacités de production des vaccins qui s’élève à 10 milliards de doses. L’Afrique est le premier continent à faire les frais de ce déficit. De ce fait, disposer d’une unité de vaccins au Maroc offrant de larges capacités productives réduira significativement le délai d’attente en matière d’approvisionnement en vaccins, aussi bien pour notre pays que pour le reste de l’Afrique.

Si le Maroc produit le vaccin anti-Covid, quel rôle vont jouer des acteurs comme la FMIIP, l’industrie locale de fabrication de vaccin et celle des essais cliniques ?
Le Maroc produisait par le passé certains vaccins et sérums via l’Institut Pasteur ; malheureusement, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Nous croyons qu’en tant qu’acteur engagé dans l’industrie pharmaceutique que les essais cliniques doivent nécessairement passer par des groupes privés pour réussir. La FMIIP qui a été cooptée dernièrement par la CGEM accompagnera le développement de ses membres et se positionne en interlocuteur des ministères de la santé et de l’industrie afin de renforcer la fabrication locale au Maroc aussi bien pour les produits génériques innovants. Le volet règlementaire est crucial pour lancer la fabrication des vaccins au Maroc.

Maintenant que l’opportunité de fabrication locale de vaccin anti-Covid se présente, a-t-on des noms de laboratoires qui se positionnent dans la course aux vaccins, hormis Sothema ?
Effectivement, Sothema se présente comme un acteur principal, actuellement c’est l’unique producteur de médicaments issus de biotechnologie au Maroc et en Afrique et c’est aussi le laboratoire ayant participé à la conduite des essais cliniques du vaccin chinois. L’industrie nationale constitue une véritable plateforme technologique, possède des atouts considérables et dispose de compétences et d’expertises dans la fabrication de pointe. A ce titre d’autres laboratoires pourraient entrer dans cette course et participer à la fabrication des vaccins.

Quelles sont vos attentes en termes de transfert de technologie ?
Cette question est cruciale. Il faut que le Maroc exige à ses fournisseurs de vaccins, qui souffrent de problèmes de capacité de production, une clause de Tech transfert. Plusieurs pays ont fait cela avec leurs fournisseurs. Je donne l’exemple de la Thaïlande, pays dont le niveau de développement est en dessous du Maroc. Il a exigé à Astrazeneca le Tech transfert afin de produire les vaccins commandés pour sa population. Le géant britannique a non seulement accepté, mais il a aidé une société pharmaceutique thaïlandaise à construire et équiper la première unité de vaccins dans le pays.

Modeste Kouamé / Les Inspirations Éco


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