Voilà ce qui arrive quand on perd du temps…
Par Nourr Edine
Imperturbable, le temps égraine ses secondes, ses heures, ses jours et ses mois… Il n’attend personne, ni rien et, quand on regarde le pays, depuis trois mois, tel un bateau fatigué, il est en cale sèche. Mieux, il attend…
Bloqué au 7 octobre, le moteur ronronne, mais aucun pied sur l’accélérateur. Nos apprentis responsables vont et viennent à une primauté que les toiles d’araignées envahissent. Dès le seuil, on sent le moisi, l’air vicié et les canapés portent la trace des mains moites de ceux qui veulent tout ou rien. La machine gouvernementale est grippée et rien ni personne ne peut intervenir pour la simple raison que le prospectus ne prévoit pas cet effet secondaire.
Les rédacteurs du texte suprême sont-ils pris en flagrant délit d’incompétence ? Toute leur éloquence n’était-elle que du vent ? Étaient-ce les meilleurs quand il fallait « penser » un Maroc nouveau pour une ère nouvelle?
Depuis l’annonce des résultats des élections, finalement pitoyables, un homme et un seul se plaît à arrêter le temps, à bloquer les rouages et à se complaire dans ce rôle qui dénigre la démocratie et la vide de tout sens. Avec moins de deux millions de voix, on peut donc contrôler le destin de plus de 34 millions de citoyens !
Albert Einstein a dit, en 1955, à Princeton : « Mon idéal politique est l’idéal démocratique. Chacun doit être respecté en tant que personne, et personne ne doit être divinisé. »
Le tort ne vient sûrement pas de lui mais du texte suprême qui n’a pas été pensé pour prévoir une sortie quand un seul homme est capable de tout bloquer ! L’erreur réside donc dans le texte, mais en profiter pour s’autoproclamer incontournable frise l’atteinte à l’amour du pays, au patriotisme et à cette sempiternelle promesse de se battre pour l’intérêt général !
Cette obstination, compréhensible pour ceux qui savent que le discours islamiste n’a jamais été sincère, nous coûte le temps qu’il nous faut réserver aux grands chantiers et ils sont nombreux, immenses et vitaux. Elle nous coûtera des millions si le Souverain vient à appliquer la seule issue constitutionnelle possible : dissoudre le parlement et refaire des élections.
Une démocratie, à peine balbutiante, est prise en otage pour des objectifs aujourd’hui devenus clairs, ceux qui visent le pouvoir et sa réinitialisation pour plus de religieux et moins de réalisme.
Parler patriotisme et amour du pays devant cette attitude qui frise la provocation, c’est un peu prendre les citoyens pour des incapables.