OPINION DU WEB

Quand la guerre n’est pas un jeu pour les enfants

Par Jalil Bennani, psychiatre, psychanalyste

Sur le lieu des combats, les enfants sont les grandes victimes innocentes de la guerre. Ils découvrent le monde de la violence, des bombardements et des destructions. Ils sont tantôt sacrifiés à l’aube de la vie, tantôt témoins d’atrocités. Ceux qui survivent ont tous perdu un ou plusieurs de leurs proches.

Il se trouvent souvent dans le flot des migrants, et il n’est pas rare qu’ils arrivent à destination sans leurs parents. Le Maroc en accueille sur son sol.

Comment ces petits enfants peuvent-ils faire un travail de deuil, alors qu’ils ne perçoivent pas encore ce qu’est la mort ? Ils développent en eux la haine et la soif de justice. Les séquelles psychiques des traumatismes vécus sont profondes chez des milliers d’entre eux. La frayeur et l’insécurité les accompagnent dans leur quotidien. Les cauchemars sont fréquents. L’angoisse ne les quitte pas et affecte gravement leur développement psychologique.

Ces traumatismes peuvent déclencher des dépressions, des états de stupeur, une sorte d’anesthésie au cours de laquelle émotions, pensée et affect ont disparu. Mais l’inconscient enregistre toutes les blessures et horreurs rencontrées. A l’occasion d’événements mineurs, l’angoisse restée muette jusque là surgira sous forme de terreurs, d’inhibitions, de reviviscences et de souvenirs obsédants. Il faut savoir que le cerveau n’efface rien.

Si vos enfants vous interrogent sur la guerre ou sur d’autres traumatismes, vous pouvez en parler avec eux et leur donner des explications à leur portée. Montrez-vous proches, car ce qui compte pour eux, c’est d’abord la sécurité à la maison. Filtrez, évitez les images insupportables que nous recevons. Et si vous devez voir les actualités à la télévision, faites-le sans eux.

Quand ils seront plus âgés vous pourrez leur expliquer que notre modernité n’a pas réglé le problème de la guerre, que les injustices demeurent et qu’il faut les combattre autrement que par le sang. Faute de cela, notre  humanité toute entière est en péril.


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