Chroniques

Petites « leçons » d’humanité…

Par Lamia Berrada, romancière et écrivaine

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A Calais, en plein coeur de l’Europe, des zones de Quart-Monde sévissent dans la “Jungle”, de sorte que certains se demandent si les migrants sont encore des êtres humains, et si les mineurs qui ont droit au respect de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant sont encore des enfants.

Cruelle leçon :“là-bas, on avait peur de mourir… Ici, on crève à petit feu”… les entend-on répéter, hagards, au micro de la horde de journalistes venus les interviewer. Insoutenable, le documentaire co-réalisé par Thierry Michel et Colette Braeckman sur l’action héroïque du Dr Mukwege pour réparer les femmes et les enfants atrocement violés et torturés dans le cadre de la guerre civile, dans l’Est de la République Démocratique du Congo. Diffusé le 7 mars au cours du Festival International du Film et des Droits de l’Homme de Genève, il montre, quant à lui, comment la guerre, sans tuer, détruit méthodiquement et à jamais, depuis des années, femmes et enfants dans le plus profond de leur chair.

Ailleurs, ce 8 mars, dans un quartier de Casa, bien loin de toute guerre civile et de tous lieux d’affrontements, un homme violait, torturait et abusait violemment d’un enfant de 4 ans qu’il enterrait vivant sous les détritus d’une décharge. Et rappelons que le mois de mars avait commencé mardi 1er mars avec un cours dispensé par une académie saoudienne spécialisée dans les cours en ligne, intitulé sans complexe  : “La femme est-elle un être humain ?”

Un cours qui avait pour but, à en croire le communiqué diffusé par Fahd El Ahmadi, face au tollé suscité, de questionner la place de la femme dans la société saoudienne et de défendre les droits des femmes…” No comment. Si par miracle les écologistes du monde entier réussissaient ce pari fou qu’engagent les enjeux cruciaux de la prochaine COP 22, prévue à Marrakech en novembre 2016, une question, une seule, qui vaudrait bien un milliard de réponses à l’humour salvateur : à quoi le monde survivrait ? A quoi, devant l’abîme qui guette l’échec, par moments burlesque, mais de plus en plus tragiquement tangible, de nos contemporains à penser l’humain ?

Mais pour ne pas sombrer dans un pessimisme borné, souvenons-nous, tout de même, de la merveilleuse nouvelle de la nomination de l’Arabie Saoudite à la présidence de la commission des Droits de l’Homme de l’ONU, ce 21 septembre 2015… Qui nous rassure sur le fait que nous ne sommes pas à court de belles et fructueuses leçons d’humanité en perspective, entre deux décapitations ou crucifixions…


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