Au Maroc, marcher sur les trottoirs, c’est le parcours du combattant
par Nadia Essalmi, éditrice
Aujourd’hui, dans nos villes, la circulation devient infernale. Le parc automobile grossit à vue d’œil et engloutit les routes et les rues. Marcher sur les trottoirs, c’est traverser un parcours semé d’embûches.
Il faut user de moult subterfuges pour se frayer un chemin. Se faufiler entre les chaises des terrasses de cafés quand celles-ci ne sont pas bâchées et fermées, enjamber les étalages des marchands ambulants, dévier son chemin pour ne pas heurter les prolongements des commerces, contourner les voitures qui y sont garées…
Un nouveau sport qui devrait être reconnu dans notre pays, car marcher ressemble au saut de haies. Les propriétaires des cafés ont décidé, en toute impunité, et au vu et au su des autorités, de confisquer l’espace public aux piétons, et ainsi entraver la fluidité de la circulation. Enfin, chacun grignote comme il peut un bout de l’espace public. Et pourquoi pas, puisque personne ne respecte personne en violant la loi qui prévoit une occupation limite au niveau des terrasses de cafés.
Les piétons, qu’ils soient âgés, ou handicapés, ou parents avec enfants ou bébés dans des poussettes sont contraints d’emprunter la chaussée et ainsi s’exposer à des éventuels accidents. A-t-on pensé une seconde à tous ces bébés dans les poussettes qui circulent à la hauteur des tuyaux d’échappement et inhalent leur crachat. L’anarchie, dans sa folie, crée des scènes absurdes et insolites, tel un panneau «Stop» intégré sous la bâche d’une terrasse de café.
Ce désordre suscite une multitude de questions. Comment est-ce possible que les autorités ferment les yeux sur les transgressions de la loi? Sont-elles myopes à ce point ou feignent-elles de ne rien voir ? Ou alors existe-t-il d’autres raisons et d’autres pressions?
Nos villes ressemblent de plus en plus à des souks. L’anarchie porte atteinte à l’image de nos villes et à leur environnement. Le vivre-ensemble implique le respect de l’autre et de son espace.