Polémique: Mehdi Bennani serait-il jaloux d’un jeune pilote marocain?
Mehdi Bennani est absent…Étonnement général quant à ce siège qui sera vide lors du championnat du monde des voitures électriques (Formule E) qui se tiendra, parallèlement à la COP22, du 12 au 13 novembre à Marrakech. Suite au tollé soulevé par Mehdi Bennani à travers les réseaux sociaux, nous avons contacté Jalil Nekmouche, expert automobile de renom, qui a accepté de nous éclairer sur cette absence ambiguë.
Brièvement, qu’est-ce que le championnat du monde des voitures électriques (Formule E) ?
La formule E est un championnat de constructeurs : Renault, Audi, DS, Jaguar et d’autres participent à travers des écuries usine, et des pilotes engagés à la saison. La 3e saison du Championnat a commencé il y a un mois, à Hong Kong. Il fait donc escale à Marrakech le 12 novembre, pour ensuite visiter Buenos Aires, Mexico City, Monaco, Paris, Berlin, Bruxelles, New York, et enfin finir à Montreal. Au Maroc, la particularité c’est la COP22 qui donne à cette course non seulement une dimension sportive mais aussi énergétique et environnement … on ne parle pas donc juste sport de haut niveau, on parle aussi recherche et développement autour du monteur électrique, on parle mobilité, pollution…
Question que tout le monde se pose: pourquoi Mehdi Bennani n’est pas parmi les participants ?
D’abord, parce qu’il n’y a pas de volant disponible, les pilotes étant des pilotes usine, avec des contrats à l’année. Il y a 20 voitures, 20 pilotes. Basta. Est-ce que vous voyez Hamilton (un pilote usine en F1), laisser son volant à un pilote malaisien juste parce qu’il y a un Grand Prix en Malaisie?
Il faut aussi situer Mehdi. Mehdi Bennani participe au « WTTC » un des championnats du monde de la fédération internationale de l’automobile, et un des plus spectaculaires grâce à la proximité qu’apporte la voiture du tourisme au spectateur. Mais à la différence de la Formule E, le WTCC est un championnat qui mélange les usines et les indépendants, des teams privés qui tout en respectant la réglementation, recrutent des pilotes payants n’ayant pas accès aux écuries d’usine. C’est la que se situe Mehdi Bennani, et ce depuis 2009. A l’opposé extreme de Bennani, se situe José Maria Lopez, ex-pilote essayeur en Formule1 (Renault F1), trois fois champion du monde du WTCC, et signé par la Formule E en 2016 chez DS. Les autres pilotes en Formule E sont des pilotes tel que Jerome D’Ambrosio, pilote réserve chez Renault F1 (2010), chez Virgin (2011), et chez Lotus en F1 (2012-2013) avant de passer en Formule E; Neslon Piquet Jr, ex-pilote F1, Nascar et RallyCross, ou encore Nicolas Porst, pilote test chez Lotus F1, pilote WEC, et 24 Heures du Mans.
Ensuite, je pense que la polémique vient aussi du fait que Mehdi a du apprendre qu’un jeune pilote marocain allait piloter le « show car” Formule E en marge de la course à Marrakech, et s’estimant être le seul légitime à porter les couleurs du Maroc dans l’automobile, en a fait toute une histoire. A mon sens, il aurait du faire tout le contraire, et encourager à ce qu’une relève prenne forme dans les rangs des plus jeunes pilotes.
Qui est ce pilote marocain ?
Ce jeune Marocain c’est Benyahya. Il a 16 ans. Il est le plus jeune pilote FFSA à participer au championnat français de Formule 4, avec une position de 3e au classement général. De l’avis de plusieurs experts, c’est un véritable étoile montante pour le sport auto marocain. Et donc quand la Formule E a voulu faire une exception avec un pilote marocain, elle a opté pour le jeune Benyahya, ses statistiques étant déjà bien référencées chez Renault Sport. Il pilotera donc le show car en animant une super démonstration en ville, et lancera le départ le jour de la course. Un très bon début pour un si jeune pilote!
Pourquoi alors Mehdi Bennani tenait à participer à la Formule E ?
Mehdi Bennani estime qu’il est et doit être incontournable et que par conséquent rien ne peut ou ne doit se faire en sport auto au Maroc sans passer par lui. Son entourage en est même arrivé à menacer de boycott si Mehdi ne participait pas à la course! Faut dire aussi que c’est une affaire qui leur rapporte gros. Et comme par la force des choses Mehdi s’est accaparé le monopole du sport auto au Maroc, il ne veut naturellement pas que la génération montante de pilotes marocains lui fassent de l’ombre car cela voudra automatiquement dire moins de sponsors pour lui, et de la concurrence pour le challenger dans ce qu’il dit, dans ses classements, etc. Avec un peu de maturité il finira par comprendre qu’un tel scénario est une bonne chose pour le développement du sport au Maroc, et qu’il a même un devoir de jouer un rôle pour y contribuer.
Propos recueillis par Kenza Soulaymani
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