Violence à l’encontre des femmes: ce qu’il faut retenir de l’enquête du HCP
Dans le cadre de la campagne nationale et internationale de mobilisation pour l’élimination de la violence à l’encontre des femmes, le Haut-Commissariat au Plan (HCP) a dévoilé les résultats relatifs aux coût social et économique de la violence aux femmes et filles, tirés de l’enquête nationale sur la violence à l’égard des femmes et des hommes de 2019.
Voici les principaux points de cette enquête qui a été réalisée entre février et juillet 2019, avec l’appui de l’ONU-Femmes au Maroc:
1. Coût social de la violence à l’encontre des femmes et des filles:
– Une victime sur quatre en cas de violence physique et une sur 10 en cas de violence sexuelle ont souffert de blessures et/ou de problèmes psychologiques.
– Perte de 14 jours de travail par an en cas de violence conjugale et de 8 jours en cas de violence dans l’espace public suite à une violence physique.
– Perturbation du rythme de vie des victimes et de leurs familles suite aux violences conjugales.
– Une proportion de 16% de victimes quitte le domicile conjugal suite à l’incident de violence physique le plus grave et 3,5% suite à celui de violence sexuelle. Ces victimes recourent principalement aux parents ou à la famille proche pour s’héberger (94% en cas de violence physique et 80% en cas de violence sexuelle).
– Parmi les victimes ayant eu des problèmes de santé suite à l’incident de violence physique le plus grave subi au cours des 12 derniers mois, 48% ont fait appel à au moins un prestataire de service de santé (médecin, personnel paramédical…). Elles sont 40% à y faire appel suite à une violence sexuelle.
– Les proportions des femmes victimes de violence dans l’espace public ayant eu des problèmes de santé et qui ont eu recours aux prestations médicales sont de l’ordre de 60% en cas de violence physique et 20% en cas de violence sexuelle.
– En plus des dépenses en lien avec les problèmes de santé, 7% des femmes victimes de violence physique et 2% de violence sexuelle dans le cadre conjugal ont déposé une plainte ou ont engagé des actions judiciaires suite à l’incident le plus grave de ces deux types de violence.
– Environ 16% des femmes victimes de violence conjugale ont déclaré que leurs enfants, de 5 à moins de 18 ans, présentent des problèmes de santé, surtout de nature psychologique et comportementale. Par type de problème vécu par les enfants, 40,4% des femmes victimes de violence conjugale ont évoqué l’isolement et le chagrin, 32,4% les frissons, crises d’angoisse ou d’épilepsie, 21,5% les cauchemars et 22,4% l’énurésie.
– En plus des problèmes de santé, les enfants souffrent également de troubles cognitifs et comportementaux : régression scolaire selon 22,5% des victimes, violence et agressivité selon 18,9%, abandon scolaire selon 7%, délinquance selon 2,3% et fugue selon 1% d’entre elles.
2. Coût économique de la violence à l’encontre des femmes et des filles:
– Parmi l’ensemble des femmes victimes de la violence physique et/ou sexuelle au cours des 12 mois précédant l’enquête tous contextes confondus, 22,8% ont dû supporter, elles ou leurs familles, des coûts directs ou indirects de la violence. Le coût global de la violence est estimé à 2,85 milliards de Dh. En rapportant ce coût au nombre total des victimes, le coût moyen est de l’ordre de 957 Dh par victime.
– La part du milieu urbain dans le coût économique global de la violence est de 72% (2,05 Milliards de Dh), celle du milieu rural est de 28% (792 million de Dh). Le coût moyen supporté par les victimes citadines (1.000 Dh par victime) est plus élevé que celui des victimes rurales (862 Dh par victime).
– Les coûts directs constituent la majeure partie du coût économique global avec une part de 82% (2,33 Milliards de Dh) contre seulement 18% pour les coûts indirects (517 million de Dh).
– Le coût direct total de la violence est estimé à 2,3 milliards de Dh pour les victimes de la violence physique et/ou sexuelle qui ont effectué des dépenses (20%) suite à l’ensemble des incidents de violence les plus graves subis au cours des 12 mois précédant l’enquête. Près de 85% du coût direct de la violence (1,98 milliard de Dh) est lié aux violences physiques et 15% (353 millions de Dh) aux violences sexuelles.
– La violence à l’encontre des femmes en milieu urbain engendre, pour les victimes et leurs familles, 1,73 milliard de Dh, contre 601 millions de Dh en milieu rural. Le coût supporté par les citadines représente près des trois quarts du coût direct global de la violence à l’encontre des femmes (74,2%).
– Le coût indirect supporté par 8% des victimes de violence physique et/ou sexuelle, au cours des 12 mois précédant l’enquête, est estimé à 517 millions de Dh (326 millions de Dh en milieu urbain et 190,8 millions de Dh en milieu rural). Près de 84% des coûts indirects sont attribués aux violences physiques (434 millions de Dh).
– La violence à l’encontre des femmes au sein du couple a coûté aux 24% des victimes ayant dû supporter des coûts directs et/ou indirects, 1,98 milliards de Dh au cours des 12 mois précédant l’enquête (1,3 milliards de Dh en milieu urbain et 681 millions de Dh en milieu rural). Ce coût est de 1,67 milliards de DH pour la violence physique et de 308 millions de Dh pour la violence sexuelle.
– Le coût total lié à la violence familiale, pour les 24,4% femmes qui ont supporté des coûts, suite aux violences physiques et/ou sexuelles subies, au cours des 12 mois précédant l’enquête, est estimé à 366 millions de Dh. Presque la totalité de ce coût (94% ou 343 millions de Dh) revient à la violence physique. Les 6% restants (22,9 millions de Dh) sont attribués à la violence sexuelle.
– Parmi les femmes violentées dans les lieux publics, 16,2% ont effectué des dépenses directes et indirectes estimées à 448 millions de Dh, au cours des 12 mois précédant l’enquête, dont 358,5 millions de Dh sont dus à des actes de violence physique (80% du coût total) et 98,2 millions de Dh à des actes de violence sexuelle (20%).
M.S. (avec MAP)