Tourisme au Maroc: vers une année 2020 catastrophique
La saison 2020 finira peut-être par les scores enregistrés au début des années 80 selon une étude statistique réalisée par Zoubir Bouhout, directeur du Conseil provincial du tourisme de Ouarzazate. Si la crise persistait, le nombre d’arrivées se situerait aux alentours de 2,37 millions de touristes. Il s’agirait alors d’une perte de plus de 10,5 millions de touristes par rapport à la saison 2019, avec 5,5 millions des touristes étrangers de séjour (TES) et 4,9 millions de MRE en moins.
Alors que la saison estivale devait plus ou moins atténuer les effets de la crise de la Covid-19, les touristes internes ne sont pas au rendez-vous dans les hôtels, surtout dans le segment balnéaire, en ce mois de juillet. Par la force des choses, l’incertitude liée à la durée de l’état d’urgence sanitaire, ce dernier ayant été prolongé jusqu’au 10 août 2020, à la fermeture des frontières aux touristes étrangers, par ailleurs encouragés à passer leurs vacances dans leur pays, aux difficultés rencontrées par les Marocains résidant à l’étranger (MRE) pour rentrer au pays et au retard afférent aux mesures et offres promotionnelles en faveur du marché national pénalisent davantage l’activité touristique au Maroc. «Il est fort probable que les réalisations de cette saison atypique de 2020 avoisineraient les chiffres enregistrés au début des années 80», prévoit Zoubir Bouhout, directeur du Conseil provincial du tourisme à Ouarzazate, dans le cadre d’une étude statistique réalisée au sujet du suivi des répercussions de cette crise sanitaire sur le tourisme national.
Selon cette étude, le nombre d’arrivées devrait dépasser les 2,37 millions de touristes, soit une perte de plus de 10,5 millions de touristes par rapport à la saison 2019, essentiellement due aux 5,5 millions des touristes étrangers de séjour (TES) et aux 4,9 millions de MRE en moins. S’agissant des nuitées, les estimations se situeraient aux alentours de 5,8 millions, soit une perte de près de 19,5 millions de nuitées par rapport à l’année 2019, dont plus de 5,8 millions de nuitées générées par le tourisme interne. Pour rappel, le tourisme marocain a connu une nette évolution en termes d’arrivées, de nuitées et de recettes en devises depuis 2012. De 9,37 millions de touristes, les arrivées sont passées à 12,93 millions de touristes en 2019, tandis que les nuitées sont passées de 17,56 millions à 25,24 millions durant la période 2012-2019. Cette performance a eu un impact très positif sur les recettes en devises, qui sont passées de 57,8 MMDH en 2012 à 78,7 MMDH en 2019.
Cette conséquence de la crise sanitaire, qui était prévue suite aux différentes évolutions, se confirme de jour en jour. «Le secteur manque de visibilité sur son avenir. À part quelques hôtels, la majorité des établissements sont restés vides durant le mois de juillet, et les professionnels navigueront à vue pendant le mois d’août», explique Najia Ounassar, présidente de l’Association de l’industrie hôtelière d’Agadir (AIHA). En plus des chamboulements de la période d’examens, la célébration de Aïd Al-Adha amoindrira les aspirations d’une reprise de l’activité pendant quelques temps, avec une rentrée scolaire prévue début septembre. Agadir, prisée durant la période estivale par les nationaux, a enregistré un taux moyen d’occupation qui n’a pas dépassé, selon l’AIHA, 20% durant en juillet sur une capacité classée estimée à 32.000 lits. Les prévisions en matière de réservations sont prometteuses pour la station de Taghazout (4 hôtels opérationnels), y compris l’hébergement locatif au nord d’Agadir. «La station Imi Ouaddar dédiée au tourisme interne affiche complet en juillet et août car le produit est déjà adapté à ce segment», est-il indiqué. Pour leur part, selon les prévisions faites par le conseil régional du tourisme, les répercussions de cette crise sanitaire, avec une fermeture des frontières jusqu’à fin décembre, engendrerait 2,2 MMDH de pertes sur la chaîne touristique dans la destination.
Yassine Saber. Les Inspirations ÉCO