Comment le groupe Horizon Press affronte la crise
Aujourd’hui, les experts évoquent une augmentation de 25% des faillites d’entreprises les prochains mois dans le monde entier. Fait inédit : jamais dans notre histoire, des pays ont décidé en même temps de geler leur économie pour sauver des vies ! Les conséquences sont désastreuses pour les entreprises qui se retrouvent souvent obligées de mettre la clé sous la porte, de sacrifier leurs employés ou encore, de les mettre au chômage technique. Même les Etats-Unis sont frappés de plein fouet par le chômage avec 10 millions de nouvelles inscriptions en deux semaines ! En France, plus d’un salarié du privé sur quatre a recours au chômage partiel. Et chez nous, au Maroc, plus de 800.000 salariés du privé se sont inscrits pour bénéficier de l’indemnité forfaitaire mensuelle de 2.000 DH auprès de la CNSS. On sait aussi qu’au moins 127.000 entreprises ont déclaré un arrêt temporaire ou définitif de travail depuis le 15 mars dernier à cause de la crise. Plusieurs sociétés ont fait le choix de réduire drastiquement leur charge. Cela passe par des gels de factures, des arrêts de travail temporaires ou encore des réductions de salaires. La presse nationale n’est pas en reste, puisque la grande majorité des campagnes publicitaires ont été annulées ou reportées par les annonceurs depuis le confinement. Le désormais ex-ministre de la communication, El Hassan Abyaba, avait annoncé le 22 mars, à la surprise générale des éditeurs de journaux, l’arrêt de publication et de distribution de leurs publication en format papier. Une nouvelle que les patrons de presse ont prise pour un poisson d’avril avant l’heure. En attendant une bouée de sauvetage, ils ont décidé de continuer à travailler en diffusant gratuitement leurs journaux en PDF sur le digital.
Chute de 80 %
Le groupe Horizon press (HP) (Les inspirations ECO, LesECO.ma, Horizon tv), qui a fusionné en janvier dernier avec CROSS WORD (Le Site info FR et AR, Ghalia.ma, Le Site info sport), compte aujourd’hui plus de 100 employés. « La publicité, principale source de revenu de tous ces supports, a chuté de 80% en moins d’un mois », affirme Mehdi Allabouch, Directeur Général Délégué de HP, en charge de la partie commerciale. « Les annonceurs ont quasiment tous des consignes pour retarder leur paiement afin de préserver leur trésorerie », explique pour sa part Adil Besri, DG général de HP. Le pessimisme est de mise pour les mois à venir, puisque la crise ne fait que commencer pour tout le secteur de la com’. Les annulations du SIAM, du Salon auto-expo, de festivals et de nombreux événements qui devaient avoir lieu dans les prochaines semaines, vont considérablement plonger les médias dans une crise sans précédant. En l’absence d’aide de l’Etat à l’heure où nous écrivons ces lignes, le groupe Horizon press, tout en cherchant à recouvrer toutes ses créances et chercher de nouvelles pistes de financement, se devait d’amortir le choc en interne. Pour la Direction, l’objectif était de pas licencier d’employés en les sacrifiant, et en même temps, de ne pas annoncer une faillite au cours des trois prochains mois. C’est pour cela que la Direction Générale a demandé à ses employés de participer à l’effort en faisant une concession sur leurs salaires pendant trois mois, en conservant un seuil minimal de 4000 DH (un salaire de 4500 ou 6000 DH par exemple, ne sera pas tronqué de moitié, mais sera de 4000 DH pour trois mois). Ce sont 90 jours importants et décisifs qui pourraient être fatals à l’entreprise si elle navigue à vue. Contre toute attente, 80% des salariés (y compris les membres de la Direction Générale) ont accepté une réduction de 50% de leurs salaires pendant les mois d’avril, mai et juin, dans un élan exceptionnel de solidarité.
« La presse quotidienne doit reprendre dans les imprimeries »
Pour Moncef Belkhayat, PDG de HPG, « dans cette phase de pandémie et de confinement, nos citoyens on droit à l information. Nous devons à la fois protéger nos équipes et journalistes, puis faire en sorte à ce que les entreprises d’édition qui les emploient puisse survivre et surmonter cette épreuve. Aucune personne de notre groupe ne doit perdre son emploi. J’invite ceux et celles qui veulent se solidariser avec leur entreprise de presse de réduire leur salaire de 50% pour une période limitée à 3 mois par un avenant au contrat de travail et ce de manière consensuelle. J’invite le Groupement des annonceurs du Maroc (GAM) à soutenir la presse et à mobiliser nos concitoyens à respecter les instructions des autorités à travers des campagnes presse positionné RSE. J’invite les organismes bancaires, de leasing et de crédit à la consommation à retarder les échéances de tous les journalistes. J’invite le syndicat national de la presse à nous soutenir et à se solidariser avec tous les employés, dont ceux qui ont accepté de signer un accord de manière consensuelle. J’invite notre nouveau ministre de la Jeunesse & sport et de la culture à prendre la décision de permettre à la presse papier quotidienne d’être éditée quotidiennement à nouveau et d’en faire un outil de distribution des masques pour la population ».
« A ce titre, le groupe Horizon Press s’engage à offrir un masque dans chaque journal quotidiennement. Merci à nos salariés pour l’élan de solidarité qu’ils ont eu. Grâce à elles et à eux, Nous allons tenir le coup ! », affirme Belkhayat. « La direction reste bien évidemment à l’écoute de ceux qui n’ont pas été en mesure d’accepter pour des raisons personnelles », note Adil Besri. Le groupe Horizon press espère maintenant que ces mesures lui permettront de survivre au « tsunami » et en appelle à ses annonceurs. Car sans eux, c’est tout le secteur de la presse qui pourrait mourir brutalement.