Maroc

Discussions autour de la « sextorsion » à Kénitra

Par LeSiteinfo avec MAP

Les participants à une journée d’étude et de sensibilisation au sujet de « la lutte contre la sextorsion », organisée ce jeudi à Kénitra, ont plaidé en faveur d’une approche participative entre l’ensemble des acteurs concernés, laquelle approche doit tenir compte de la nécessité de développer les mécanismes de surveillance et de traçage de ce type de crime, né du « boom » que connait le monde des technologies de l’information.

Lors de la séance d’ouverture de cette journée initiée par la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), les intervenants ont souligné que la « sextorsion », qui relève de la cybercriminalité, prend plusieurs formes et s’adapte aux changements dans le domaine des nouvelles technologies, d’où la nécessité de cerner toutes les nouveautés qui y naissent et de développer les techniques et les méthodes de lutte contre ce crime transfrontalier.

Dans ce sens, le commissaire divisionnaire Ahmed Bendahman a indiqué, dans une allocution au nom de la DGSN, que la Direction est consciente que lutter contre la cybercriminalité signifie faire face à une criminalité qui se métamorphose rapidement et qui exige un suivi permanent tout en passant au crible ses différentes formes et caractéristiques.

De son avis, la « sextorsion » est initialement apparue sous forme d’actions isolées menées par des jeunes au fait des moyens technologiques modernes pour réaliser des fins non lucratives, avant de prendre ensuite la forme d’un crime organisé commis individuellement ou collectivement, où plusieurs applications sont utilisées, dont le but principal est de réaliser un profit important.

Dans un allocution lue au nom du premier président de la Cour de cassation, président délégué du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, le chef de département de la communication, Mohamed Khadraoui a indiqué qu’il est difficile de cerner l’ampleur du phénomène de « la sextorsion », compte tenu du nombre de victimes qui ont succombé aux demandes des maîtres-chanteurs voulant être hors du scandale ou diffamation, et dont certains ont même cédé au désespoir tentant l’automutilation ou le suicide au lieu de porter plainte et d’affronter ceux qui exercent le chantage et lancent leurs menaces.

« Nous sommes devant le défi d’établir la sécurité dans la société par ses dimensions éthique, numérique et humaine, ce qui nous oblige à affronter ces crimes en mobilisant toutes nos ressources et nos capacités dans le cadre d’un plan stratégique intégré, hiérarchisé, assorti d’une vision claire et d’objectifs précis », a-t-il précisé.

Khadraoui a, en outre, fait savoir que l’approche préventive fondée sur les valeurs de la communication, de l’ouverture, de la sensibilisation et de la participation de tous les acteurs des domaines de la famille, de l’éducation et des médias aura sans aucun doute des effets positifs sur la réduction de ce crime qui porte atteinte aux valeurs morales inhérentes et entraîne des coûts sociaux, économiques et humains considérables.

De son côté, le chef de la section des affaires pénales de la Présidence du Ministère public, Abderahman Lamtouni a soutenu, dans une allocution lue au nom du président du ministère public, que l’extorsion sexuelle est devenue l’une des phénomènes criminels graves s’étant répandu à un niveau remarquable dernièrement et causant de graves dommages aux victimes et à leurs familles, qui subissent des préjudices psychologiques et sociaux pouvant entraîner l’anéantissement des relations conjugales et familiales en général.

Dans ce même sillage, Lamtouni a expliqué que ce phénomène dépasse les frontières nationales pour guetter des victimes hors territoire, car ce n’est plus une activité criminelle isolée par individu, mais dans certains cas, elle est commise par un groupe de personnes dans un cadre organisé où les rôles sont partagés entre ses auteurs.

La politique pénale tend à insister sur ce type d’actes pour que la majorité des poursuites soit couplée à l’arrestation de l’accusé, et des peines privatives de la liberté, a-t-il relevé, notant toutefois que le phénomène se poursuit et même qu’une série de cas de récidive sont enregistrés, ce qui signifie que la politique pénale doit instamment accorder plus d’attention à cette question en développant des moyens de confrontation et de rigueur dans la résolution de ce problème.

Pour sa part, le directeur de la législation du ministère de la Justice, Bensalem Oudija a indiqué que la cybercriminalité est devenue l’un des crimes les plus graves et complexes en tant que crime transfrontalier, faisant appel aux technologies les plus récentes et caractérisé par la multiplication de leurs auteurs, notant que cela leur facilite de commettre ces crimes qui échappent de la surveillance policière tout en effaçant ses effets et détruisant ses preuves.

Considérant la cybercriminalité comme l’un des crimes organisés ayant franchi les barrières et pénétré les frontières de plusieurs pays, Oudija a rappelé que le Royaume a ratifié la Convention de Budapest sur la cybercriminalité, ainsi que la Convention arabe sur la lutte contre les crimes liées aux technologies d’information en 2014.

Le commandant régional de la Gendarmerie royale à Kénitra, colonel major Farid El Moussaoui, quant à lui, a déclaré que le développement technologique a conduit à l’émergence de nouveaux types de crimes commis dans le domaine fécond du monde virtuel, notamment par l’exploitation de sites et de comptes de médias sociaux, soulignant que pour minimiser la gravité de ce type de crime, la Gendarmerie royale a mis en place une cellule spécialisée constituée d’éléments ayant bénéficié de plusieurs formations et ateliers, aux niveaux national et international.

Plusieurs sessions sont prévues dans le cadre de cette journée d’étude concernant notamment « les crimes de sextorsion sur internet : cadre légal et enjeux », « Rôle de la coopération judiciaire pour la lutte contre la cybercriminalité -sextorsion- » et « Défis de la coopération policière internationale ».

M.D. (avec MAP)


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