Pourquoi Hassan II avait interdit de célébrer l’Aid El Kébir
L’Aid Al-Adha! Ce rituel religieux, même si sa célébration n’est plus ce qu’elle était avant pour maintes raisons économico-sociales, demeure une tradition immuable.
Encore très nombreuses sont les familles, même les plus démunies, à y tenir coûte que coûte, dussent-elles contracter un prêt bancaire ou brader un bien d’équipement ménager!
Mais à trois occasions, cette tradition n’a pas eu lieu officiellement, sur ordres du roi défunt Hassan II. Beaucoup ne s’en souviennent plus et les jeunes générations ignoraient cela. Pour rafraîchir la mémoire des uns et informer les autres, le site Hespress est revenu sur ces trois fois sans Aid Lekbir.
Du moins officiellement car de nombreux Marocains n’avaient pas obtempéré à l’interdiction royale et avaient quand même sacrifié leur moutons, nuitamment chez eux, ou ont préféré un abattage clandestin, quelque part, loin des yeux. En revanche, d’autres citoyens ont exécuté à la lettre les directives de Feu Hassan II, précisent la même source.
Mais pour quelles raisons le regretté souverain avait-il pris cette décision en sa qualité d’Amir al Mouminine (Commandeur des croyants)?
Le site Hepress éclaire les lanternes de ceux qui ignoraient ce pan de l’Histoire du Royaume.
Primo, c’était après la « guerre des sables », au mois d’octobre 1963, entre le Royaume et l’Algérie. Ce conflit armé, ayant duré quelques jours et que certains Algériens n’ont pas encore digéré, avait causé une crise économique dont avaient souffert et le Maroc et les Marocains. Cela aurait été la cause de la décision royale de s’abstenir du rituel religieux de l’Aid.
Secundo, c’est la sécheresse de 1981 qui avait été en cause et la situation sanitaire du cheptel en avait fait les frais. Mais cette-fois-ci, précise la même source, le nombre de familles marocaines qui ont passé outre la décision de Hassan II avait été plus conséquent. L’abattage clandestin avait été de mise, en catimini, afin que des voisins trop curieux ne vendent pas la mèche aux autorités.
Tercio, c’est par une lettre royale, lue par le défunt ministre des Habous et des affaires islamiquues, Abdelkebir M’Daghri Alaoui (décédé le 19 août 2017) que les Marocains avaient appris cette décision. C’était en 1996 à cause de sécheresses successives des années précédentes, dont la plus grave avait eu lieu une année auparavant.
Le Souverain y avait assuré que l’Aid Al-Adha est bel et bien une « Sounnah obligatoire ». Mais s’y soumettre en ces circonstances difficiles allait grandement toucher le cheptel et causer l’augmentation vertigineuse des prix des ovins, au grand dam des familles à faibles revenus.
Et cette fois-ci encore, des Marocains pour qui le sacrifice de l’Aid est une obligation religieuse incontournable, qu’il faut à tout prix respecter, avaient toutefois fait la sourde oreille à cette troisème interdiction royale de l’ère hassanienne.
Larbi Alaoui