Rabat: l’enfer des femmes sur les plages de Harhoura
Chaque été, la commune côtière de Harhoura, située à quelques kilomètres de Rabat, accueille des centaines d’estivants souhaitant s’offrir du bon temps et profiter de la beauté des plages qui longent son avenue principale.
Harhoura, avec ses plages de Sid El Abed, des Contrebandiers, de Témara Casino ou encore des Sables d’or, est l’endroit idéal pour se la couler douce.
Cette région idyllique attire hommes et enfants,mais de moins en moins de femmes. Et pour cause, la gent féminine n’ayant pas encore cédé à la mode des burkinis n’a désormais plus de place sur ces plages. Les quelques femmes, de tout âge, qui viennent encore s’y baigner, préfèrent bannir les deux pièces pour éviter d’être harcelées ou carrément agressées par les hommes qui se prennent pour des défenseurs de la vertu.
Ces nouvelles règles socio-patriarcales, inspirées de l’idéologie wahhabite, gagnent du terrain avec succès, au grand dam de ces femmes qui refusent de s’y soumettre. «J’habite à Harhoura depuis quelques années et j’adore ses plages. Malheureusement, je n’en profite pas pendant l’été. Je ne suis pas voilée et je refuse de mettre le burkini pour ainsi permettre aux mentalités obscurantistes de gagner. Je ne suis pas qu’un bout de chair. Depuis mon jeune âge, ma mère, ma grand-mère et mes tantes m’ont appris que la tenue adéquate pour se baigner était le maillot. Je ne suis donc pas prête à me soumettre à ces nouvelles règles instaurées par des hommes pervers et par des femmes esclaves à l’idéologie patriarcale», s’est insurgée une jeune femme.
C’est le cas également d’une jeune mère qui, pour éviter d’être agressée physiquement et verbalement, a décidé de ne plus y remettre les pieds. «Une femme en maillot de bain ? C’est désormais impossible ici. J’ai tenté à plusieurs reprises de nager en deux pièces dans les différentes plages de Harhoura. Les remarques et les regards inquisiteurs m’ont terrorisé. C’est la présence de mon mari qui m’a évité d’être agressée physiquement. Ce dernier n’a d’ailleurs pas été épargné par les ‘mâles’ qui s’y trouvaient. Pour ces derniers, mon époux n’est pas un ‘homme’ parce qu’il devrait m’interdire de dévoiler mon corps de la sorte», a-t-elle déploré.
Et d’ajouter : «Je plains mon Maroc. J’estime qu’on est désormais une minorité à pouvoir encore se mettre en maillots de bain dans certaines plages. Dans deux ou trois ans, soyez certains qu’il n’y aura plus de femmes en deux pièces au Maroc. C’est malheureux».
Ce n’est donc pas pour rien que plusieurs familles marocaines préfèrent passer leurs vacances à l’étranger, loin des plages du Maroc où la femme est «objetisée», humiliée et discriminée.
Noura Mounib