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Qui est Youssef Chahed, ce jeune nouveau Premier ministre tunisien?

Plus jeune Premier ministre de l’histoire moderne de la Tunisie, il ne bénéficiera d’aucun état de grâce dans un pays miné par des problèmes économiques.

Son profil tranche par rapport à celui des autres dirigeants récents du pays. Jeune et dynamique, le tout nouveau Premier ministre tunisien, Youssef Chahed, devra faire face à une marge de manoeuvre réduite.

Vendredi soir, la jeune démocratie tunisienne s’est offert le plus jeune de ses chefs de gouvernement depuis l’indépendance du pays en 1956. À bientôt 41 ans, Youssef Chahed, issu de Nidaa Tounes, parti fondé par le président Essebsi, a obtenu confortablement la confiance du Parlement avec 168 voix sur 217 députés. En charge des Affaires locales dans l’ex-gouvernement de Habib Essid, Youssef Chahed, le 7e Premier ministre tunisien en moins de six ans, a prêté serment le lendemain, à la tête d’un cabinet lui-même rajeuni et féminisé, de 26 ministres et 14 secrétaires d’État. Avant de prendre officiellement ses fonctions lundi, son premier discours au Parlement a séduit la presse.

Mais son gouvernement ne pourra bénéficier d’aucun état de grâce dans un pays miné par d’énormes problèmes socio-économiques et sécuritaires, dont les finances sont au bord de l’asphyxie. « Nous ferons confiance, sans plus, à ce nouveau gouvernement que nous devrons avoir à l’oeil », a relevé le journal Le Quotidien. Ingénieur agronome de formation, Youssef Chahed est entré en politique après le soulèvement qui a emporté la dictature de Zine el-Abidine Ben Ali en 2011 en fondant un petit parti, la Voie du centre. Dans le bouillonnement postrévolutionnaire, ce libéral rejoint une coalition de plusieurs partis avant de participer à la création d’Al Joumhouri (Centre). En 2013, il adhère à Nidaa Tounes.

Alors qu’une profonde crise agite le parti en 2015, le président Essebsi lui montre déjà sa confiance en le désignant à la tête d’une commission chargée de trouver une issue à la bataille entre le secrétaire général de l’époque, Mohsen Marzouk, et le fils du chef de l’État, Hafedh Caïd Essebsi. Peine perdue : Mohsen Marzouk claque la porte pour fonder un autre parti.

Avant même l’annonce officielle de sa désignation, des Tunisiens ont dit apprécier son jeune âge, en écho à une révolution elle-même dite « de la jeunesse ». Elle tranche avec celles de son prédécesseur (67 ans) et encore davantage de Béji Caïd Essebsi (89 ans). Toutefois, certains ont critiqué la promotion d’un membre du gouvernement sortant, jugé en échec. Une controverse a aussi éclaté en raison de lointains liens de parenté par alliance avec Caïd Essebsi. L’actuel chef de l’État est déjà très critiqué en raison de la présence de son fils au sein de Nidaa Tounes, formation qu’il a fondée en 2012. L’une des principales causes du soulèvement contre Ben Ali était en outre le népotisme du régime. Au-delà de cette controverse, la marge d’autonomie de Youssef Chahed interroge.

« C’est quelqu’un qui a été désigné et devrait rester assujetti au président de la République », a affirmé l’analyste Selim Kherrat. Des internautes ont enfin critiqué Chahed pour son travail avec les États-Unis en tant qu’expert dans le domaine agricole, jugeant qu’il avait servi des intérêts autres que ceux de son pays. « Oui, il a travaillé sur des programmes de coopération avec les États-Unis et l’Union européenne. Il n’y a rien à cacher », a rétorqué un proche de Chahed.

(avec AFP)


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