Maroc

20 ans de règne du roi Mohammed VI: un chercheur français fait le point

Par LeSiteinfo avec MAP

Le géopolitologue français Aymeric Chauprade a souligné, dans un entretien publié vendredi par le site d’information Le Point Afrique, les profondes transformations réalisées par le Maroc sous l’impulsion du roi Mohammed VI et l’engagement résolu du Royaume sur la voie de la modernité sans la négation de son identité authentique et de ses traditions.

La direction voulue par le Souverain pour le Royaume «est incontestablement celle de la modernité, mais sans la négation non plus de l’identité islamique du pays, de ses traditions…», a affirmé Chauprade. Il souligne la réalisation de cette modernisation qui «s’est faite sous l’impulsion et par la volonté constante d’un homme, d’un roi».

L’auteur du livre «Géopolitique d’un Roi» a indiqué, à cet égard, y avoir démontré notamment «à quel point toute la société marocaine et son élite sont mobilisées pour réussir cette modernisation sociale et économique».

S’agissant en particulier des jeunes qui, a-t-il dit, constituent au Maroc près d’un tiers de la population, soit environ 11,7 millions de personnes. Le géopolitologue a affirmé avoir braqué le projecteur dans son livre sur les transformations qui sont en cours dans la formation de ceux-ci en vue d’une meilleure inclusion dans le tissu socio-économique.

«Le Maroc, comme les sociétés européennes, est intégré dans la mondialisation et connaît donc le même défi que nos sociétés européennes : le risque de fracture entre gagnants de la mondialisation et perdants de la mondialisation», a-t-il observé.

S’agissant de l’Islam prôné par le Maroc, Chauprade a souligné que «l’une des forces du Roi du Maroc, c’est qu’il est commandeur des croyants».  «Cela ajoute à sa légitimité politique une légitimité religieuse d’autant plus essentielle en terre d’islam», a-t-il affirmé en précisant que la vision du Souverain est «celle d’un Islam modéré» rejetant «les lectures radicales» de la religion «qui aujourd’hui font tant de mal dans le monde entier».

«L’Institut Mohammed VI de formation des imams, inauguré en mars 2014 à Rabat, caractérise aujourd’hui sans doute le mieux l’engagement doctrinal de la personne du Roi en faveur de cet islam du juste milieu», a-t-il notamment fait observer.  Concernant la question de la femme, le géopolitologue a souligné «la vision modernisatrice» du roi qui, «fort de son incontestable légitimité spirituelle», fait avancer le Maroc vers la modernité.  «Forcément, les choses prennent un peu de temps puisque les évolutions ne sont pas autoritaires, qu’elles résultent de discussions, de compromis démocratiques», a-t-il expliqué.

Dans le domaine social, Chauprade a observé qu’en quinze ans, le Maroc est passé d’un taux d’alphabétisation des adultes de 50% à près de 80%.  Une politique déterminée de lutte contre la pauvreté, d’accès à la santé, des programmes d’appui social accompagnant la croissance économique ont porté leurs fruits même si des problèmes subsistent, a-t-il indiqué.

Pour ce qui est de la dimension africaine du Royaume, le géopolitologue a noté que «le Maroc a réintégré l’Union africaine, il est redevenu ce qu’il a toujours été durant sa longue histoire, une puissance africaine, avec son extension saharienne qui le lie historiquement à l’Afrique subsaharienne».

L’influence du Maroc en Afrique

«Le continent africain comptera, en 2050, trois Africains de moins de vingt-cinq ans, pour un Européen proche de la cinquantaine. L’influence du Maroc en Afrique va se révéler très utile aux Européens dans leur relation avec ce continent jeune, en pleine explosion démographique, et avec les défis migratoires que nous connaissons, et qui, s’ils continuent à ne pas être traités en Europe, aboutiront un jour à une fermeture brutale de l’Europe à son voisinage africain et méditerranéen», a-t-il expliqué.

Quant à la coopération établie par le Royaume au niveau international, il a relevé que «le Maroc d’aujourd’hui est un Maroc multipolaire, proche de la France, des États-Unis, mais qui entretient aussi de bonnes relations avec la Russie, et discute avec Pékin des étapes des routes de la soie dans le Maghreb».

«Face à tous les défis qu’affronte l’Europe, défis identitaires, démographiques, climatiques, le Maroc est un partenaire fiable et stable pour la France et, au-delà, pour les Européens», a-t-il insisté.

Par ailleurs, l’hebdomadaire français Le Point a mis l’accent, dans sa dernière livraison, sur les efforts déployés par le Maroc, sous la conduite de Mohammed VI, sur la voie de la modernité et d’un libéralisme économique assumé, relevant que le Royaume «affiche des résultats enviables et a renforcé son cadre institutionnel».

Dans un dossier annoncé en couverture sous le titre : « Maroc, la nouvelle puissance», la publication note, dans un article introductif, que le Royaume qui «n’a que peu de ressources naturelles à sa disposition, à part les phosphates», s’est mis tôt à l’œuvre pour se construire de ses mains.

L’hebdomadaire évoque dans ce cadre un dernier rapport «au ton positif pour le Royaume» dans lequel le Directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI), Mitsuhiro Furusawa, a indiqué que «le Maroc a considérablement progressé dans la réduction des vulnérabilités nationales au cours des dernières années».

Pas de pétrole, mais…

«Certes, nous n’avons pas de pétrole mais notre vraie ressource, c’est le capital humain et géographique», souligne pour sa part l’entrepreneuse Neila Tazi, figure du patronat marocain, citée jeudi par Le Point. Le Maroc a pour lui l’avantage d’une histoire multiséculaire, affirme la publication sous la plume de son envoyé spécial, Luc de Barochez, qui a relevé «les bons choix politiques» faits par le Maroc.

«Son pluripartisme date du début des années 1930, bien avant l’indépendance de 1956; il a perduré même dans les périodes les plus tendues», a notamment écrit le journaliste en rappelant le choix fait par le Maroc pour le camp occidental et l’économie de marché. S’agissant des « fragilités » dont souffre néanmoins le Maroc, l’hebdomadaire les situe notamment au niveau du poids de l’économie informelle, des systèmes publics d’éducation et de santé, des inégalités et de la fuite des cerveaux vers l’Europe et l’Amérique. La publication évoque également le rôle du français dans l’économie marocaine ainsi que le statut de la femme qui, selon elle, continue à susciter la discorde en dépit de l’égalité des sexes désormais ancrée dans la Constitution. Une loi pour réprimer les violences faites aux femmes, votée fin 2018, est jugée insuffisante par les militantes, note l’hebdomadaire.

S.L. (avec MAP)


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