Monde

Turquie: « Ils ont transformé notre mariage en bain de sang »

A Gaziantep, grande ville du sud-est de la Turquie ensanglantée par un attentat-suicide en plein mariage, la douleur des familles endeuillées se mêlait à la colère contre le régime Erdogan accusé de ne pas avoir protégé la communauté kurde.

Une chaussure d’enfant ensanglantée témoignait dimanche de l’horreur de l’attentat perpétré la veille par un adolescent, dans cette ville située à 60 km de la frontière syrienne, qui a fait au moins 51 morts.

Le président Erdogan soupçonne l’organisation Etat islamique (EI) d’être derrière le pire attentat commis cette année en Turquie.

Dans le quartier d’Adkere à majorité kurde, d’habitude plutôt paisible, mères, pères, cousins, neveux des victimes s’étaient rassemblés très tôt à proximité des hôpitaux, beaucoup perdant connaissance, de douleur.

Et ils étaient près de 200 personnes près de la place où a eu lieu l’attentat, à suivre le travail des enquêteurs.

De nombreuses fenêtres sont brisées, des maisons parsemées de débris. Quand le photographe de l’AFP est arrivé sur place, des corps déchiquetés gisaient encore sur le sol.

Mais en l’espace de quelques heures, la colère a pris le dessus.

Lors de funérailles, un groupe a lancé des bouteilles sur la police, restée à distance. « Honte à toi Erdogan! », ont crié certains à l’adresse du président turc, lui reprochant de ne pas les avoir protégés de « l’attaque contre un mariage kurde » que l’Etat islamique avait promis de commettre.

Un responsable local du parti au pouvoir AKP, qui souhaitait assister aux obsèques, en a été empêché par la foule en colère.

Des cercueils était recouverts d’un drap blanc, d’autres d’un drapeau kurde. « J’ai perdu mes enfants. Je ne les reverrai jamais », hurlait une mère.

Dans un communiqué publié quelques heures après l’attentat, le parti pro-kurde HDP a reproché au gouvernement turc sa passivité.

« Au fil des années, étape par étape, Gaziantep est devenu un refuge pour l’EI. Depuis longtemps, les habitants de cette province ont dit que l’EI y renforçait sa présence », écrit-il.

« Après le massacre d’octobre (ndlr : 103 morts le 10 octobre 2015 dans un double attentat-suicide lors d’un rassemblement prokurde à Ankara), nous savions qu’une attaque contre un mariage kurde était projetée », affirme le HDP. « Malheureusement, malgré les mises en garde, le pouvoir politique n’a pas pris les mesures nécessaires pour empêcher ces projets », dénonce le HDP.

Et ce qui était censé être l’un des plus beaux jours de sa vie pour la mariée Besna Akdogan – rescapée du massacre comme son époux – est devenu le pire.

« Ils ont transformé notre mariage en bain de sang », a-t-elle seulement déclaré en quittant l’hôpital dimanche. Mais son état de faiblesse était tel qu’elle a dû être hospitalisée de nouveau dans la journée.

Ironie du destin, les deux jeunes époux avaient quitté leur région kurde natale de Siirt pour Gaziantep, afin de fuir la violence des combats entre la guérilla kurde et les forces de sécurité turques et vivre en paix.

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