Agadir: elles racontent leur enfer après une chirurgie esthétique ratée
KIOSQUE – Plusieurs personnes ont recours à la chirurgie esthétique pour atteindre leur idéal féminin. Malgré la réussite de la plupart des opérations, quelques victimes en gardent de graves séquelles et de mauvais souvenirs. A Agadir, deux victimes racontent leur mésaventure avec une chirurgienne qui, en l’espace de quelques heures, à détruit leur vie et leur avenir.
C’est l’histoire de deux femmes souffrant toutes deux de surcharge mammaire.
La première, Jamiaa Laaroussi, a une quarantaine d’années et travaille dans un salon de coiffure. Elle est célibataire et son corps est le sujet favori des moqueries de sa famille et de son entourage. Elle rêve d’une poitrine de taille normale qui lui permettrait de mettre fin à tous ces commentaires désobligeants qui ont fini par la complexer et espère se marier, explique le quotidien Al Akhbar dans une enquête consacrée à ce sujet.
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Déterminée et décidée d’aller contre l’avis de sa famille, elle décide de s’informer et d’avoir recours à la chirurgie esthétique. Après avoir pris contact avec une chirurgienne qui pratique au sein de l’hôpital Hassan II d’Agadir, Jamiaa lui livre son corps. Mais cette femme qui s’est présentée comme son sauveur s’avérera être son boucher.
Originaire d’une famille modeste, Jamiaa débourse la somme de 9000 dirhams pour une réduction mammaire. Pleine d’espoir au réveil, elle est informée par la chirurgienne de la réussite de l’opération, mais qu’elle doit rester alitée 12 jours afin d’éviter toute complication. Un mois après l’intervention, Jamiaa commence à perdre des zones cutanées et à souffrir d’hématomes post-opératoires qui empêchent le bon déroulement de sa cicatrisation.
Choquée par sa poitrine qui tombe et qui s’infecte au fil des jours, elle reprend rendez-vous avec la chirurgienne qui lui demande de payer 3.000 dirhams pour une nouvelle intervention. Suite à cette seconde opération, les points de suture s’ouvrent et un liquide jaunâtre malodorant s’écoule.
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Jamiaa se dirige alors vers un autre médecin qui l’avertit de la gravité de son cas et l’informe qu’elle souffre d’une infection dangereuse, résultat d’une erreur médicale. Actuellement, elle ne peut pas encore travailler en raison des douleurs qu’elle ressent et se cache de son entourage à cause du pus malodorant. Elle explique à Al Akhbar qu’elle n’a plus de vie sociale et qu’elle est souvent l’objet de dures critiques de la part de sa famille qui lui reproche de ne pas avoir écouté ses conseils.
La seconde victime, Hajar Al Hanjari, est une jeune femme âgée de 26 ans qui souffre elle aussi de surcharge mammaire. Après avoir reçu de bons échos sur la chirurgienne de l’hôpital Hassan II d’Agadir, pleine d’espoir, elle prend rendez-vous avec elle afin d’en finir avec son complexe qui l’empêche d’avoir un mode de vie comparable à toute jeune femme de son âge. Elle débourse 25.000 dirhams qui ne seront pas suffisants pour garantir le succès de l’opération.
Hajar remarque les erreurs médicales de son boucher quinze jours après l’intervention. Elle souffre elle aussi d’énormes pertes de pus malodorant. La chirurgienne lui conseille de continuer à changer de compresses médicales chaque deux jours et d’utiliser le Mercurochrome afin d’apaiser les douleurs et de hâter le cicatrisation.
Rien n’y fait. Des trous commencent à apparaître au milieu de la poitrine. Elle a alors recours à l’aide d’un spécialiste d’Agadir qui confirme l’erreur médicale et lui explique que des bactéries se sont développées au niveau des points de suture.
Le désir de vie normale de ces deux femmes s’est transformé en un cauchemar qui non seulement les fait souffrir mais fait fuir leur famille. Elles ne disposent actuellement d’aucun semblant de vie normale et doivent être assistées à temps plein par leur entourage. Ces deux victimes ne se connaissaient pas avant leur opération, mais luttent actuellement pour la même cause : prendre leur revanche sur leur boucher. Elles ont fait appel à un avocat qui a porté plainte contre la chirurgienne pour erreur médicale grave.
Interrogée par Al Akhbar, cette chirurgienne explique qu’elle ne se fait aucun souci car elle est innocente. Elle justifie ses compétences par son parcours professionnel de 13 ans dans le service de chirurgie esthétique. Elle ajoute qu’elle dispose de tous les documents qui prouvent son innocence, et elle conclut : «En treize ans de profession je n’ai jamais eu un problème pareil ! Ces deux femmes sont libres de faire ce qu’elles veulent de leur corps. Ce n’est plus mon affaire !»
Mehdi Demni