Une chanson du Raja de Casablanca fait réagir le PJD
La désormais célèbre chanson du public du Raja de Casablanca «F Bladi delmouni» (Opprimé dans mon pays) poursuit son ascension, poussant plusieurs responsables à sortir de leur silence. Au sein du PJD, les avis sont partagés au sujet de ce morceau à travers lequel la jeunesse crie son désespoir.
La dirigeante au sein du parti islamiste et ancienne ministre, Soumia Benkhaldoune, a analysé le contenu de cette chanson qui a fait réagir plusieurs médias étrangers.
«J’ai écouté ce morceau à plusieurs reprises et je trouve qu’il ne s’adresse pas au gouvernement. La jeunesse marocaine se plaint à Dieu. En chantant ‘Ils ont mis les drogues à notre disposition, nous ont rendus orphelins, ils seront jugés dans l’au-delà’, les jeunes dénoncent les leaders de drogue qui ont gâché ce pays et les traîtres qui ont vendu les richesses du pays. Qui est donc derrière ces criminels ?», a écrit Benkhaldoune sur sa page officielle, louant par la même occasion «la conscience de la jeunesse marocaine qui a exprimé ses maux de la meilleure des façons». «La jeunesse de mon pays se porte bien et a besoin d’un climat démocratique où elle trouvera son élément. Le message a-t-il été reçu ?», s’est-elle demandée.
Pour sa part, la députée PJDiste Amina Maelainine, dont les propos ont été plus virulents, a assuré qu’aucun Marocain ne peut rester de marbre face aux revendications sociales des publics des stades. «La chanson des supporters du Raja pousse à méditer. Les jeunes n’utilisent pas la langue de bois au sein des stades. ‘Vous avez tué la passion’, cette phrase de la chanson en question, est la plus dangereuse mais surtout la plus affligeante. Les jeunes affichent leur amertume, se montrent abattus et affirment qu’ils vivent sans ambition, sans engouement pour la vie. C’est douloureux», a-t-elle également écrit sur sa page officielle.
Maelainine a aussi appelé à ne pas lier ce cri de désespoir au hooliganisme ni à sanctionner les ultras en les interdisant au sein des stades. «Ce sera une censure envers la jeunesse marocaine. Les Ultras offrent un espace de créativité et de liberté. Ils permettent à une jeunesse perdue de se faire entendre et de dénoncer ses maux d’une façon civilisée. Ce qui transforme les stades en véritables échappatoires, un confessionnal où dénonciation, émotion et beauté ne font plus qu’un. Arrêtez de politiser cette affaire. Il faut reconnaître qu’aucune institution au sein du Royaume n’a réussi à comprendre cette jeunesse. C’est une réalité, les Ultras font partie des changements que vit le Maroc», a assuré la députée.
Rappelons que plusieurs médias étrangers ont assuré que la chanson «F Bladi dalmouni» déplore non seulement la situation sociale du Maroc mais aussi ceux de tous les pays arabes.
Noura Mounib