New York: le Maroc demande une réforme du Conseil de Paix et de Sécurité de l’UA
Le Maroc, intimement convaincu que le Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l’Union Africaine a les capacités requises pour contribuer effectivement au règlement des multiples défis sécuritaires de plus en plus complexes auxquels fait face l’Afrique aujourd’hui, appelle à une réforme effective de ce conseil pour atteindre la paix en Afrique, a souligné, lundi à New York, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Nasser Bourita.
« Pour transformer en acte ce potentiel et favoriser l’émergence d’un Conseil fort et efficace lui permettant de concevoir une architecture organisationnelle dotée de plus de souplesse et de flexibilité, et de promouvoir une nouvelle gouvernance des questions de paix et de sécurité, il est impératif de procéder à une réforme effective du CPS, pilier principal de l’Architecture Africaine de Paix et de Sécurité qui détient des éléments importants de réponse aux facteurs d’instabilité dans le Continent africain », a relevé Bourita, qui s’exprimait lors d’un débat ministériel du Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l’Union Africaine, sous le thème « L’état de la paix et de la sécurité sur le continent et les mesures prises pour promouvoir des solutions africaines aux problèmes africains ».
« Le diagnostic de la situation sécuritaire dans notre Continent ne souffre d’aucune ambiguïté. Malgré les progrès réalisés, beaucoup reste à faire pour atteindre la paix en Afrique, mais nous disposons toutefois des potentialités et des atouts nécessaires pour hisser notre Continent au rang des plus grands sur la scène internationale », a-t-il dit.
Le ministre a évoqué dans ce cadre le rapport du Président du Rwanda, Paul Kagame, qui a préconisé une réforme complète du CPS, à travers une révision des membres de l’organe, un renforcement des méthodes de travail et un rôle plus grand des Etats membres, devant avoir le leadership dans la gouvernance de cet organe.
Cette réforme, a-t-il expliqué, reste toutefois tributaire de la conception et de l’articulation de visions stratégiques progressistes, en favorisant l’appropriation par les Etats membres de l’agenda, des travaux et des décisions du Conseil, selon le concept du « State driven process » -comme toute organisation internationale ou régionale-, et la mise en échec de toute tentative d’instrumentalisation politique du CPS.
C’est dans cet esprit que le Maroc a organisé un séminaire sur l’amélioration des méthodes de travail du Conseil de Paix et de Sécurité, en mai dernier, dans lequel l’inefficacité requise et l’incohérence des processus et des méthodes du travail du Conseil ont été mises à nu, a-t-il souligné, ajoutant que cet événement a constitué une occasion aux participants de mettre en avant une batterie de propositions à même d’améliorer l’efficacité et l’efficience du CPS.
Et Bourita de souligner: « notre organisation a impérativement besoin de passer par une mise en cohérence de ses organes, et principalement la relation entre la Commission de l’Union Africaine et le CPS, d’où la nécessité, entre autres, d’insuffler un élan nouveau à l’institution, qui reviendrait à rationaliser l’emploi de ses ressources, à neutraliser les dysfonctionnements structurels et à favoriser l’autonomie décisionnelle pour renforcer la transparence de ses activités.
La Feuille de route principale de l’Union africaine sur les étapes pratiques pour « Faire taire les armes en Afrique d’ici 2020 », a-t-il dit, « nous engage à atteindre l’objectif d’un continent exempt de conflits, à faire de la paix une réalité pour tous les peuples et à débarrasser l’Afrique des guerres, des conflits civils, des violations des droits de l’homme, des catastrophes humanitaires, des conflits violents et de prévenir le génocide ».
Pour le ministre, cette tâche monumentale nécessite d’entreprendre des actions simultanées dans les domaines interdépendants de la paix, de la sécurité, de la gouvernance, des droits de l’homme et du développement, rappelant que leur réalisation constitue toutefois un défi par la Commission de l’Union Africaine, dans la mesure où les actions engagées par celle-ci restent incohérentes.
Le Maroc, qui dispose d’une réglementation juridique stricte en matière de détention et de port d’armes à feu, ne souffre pas du problème de la circulation illégale des armes à feu, a-t-il dit.
Pour assurer la mise en œuvre effective et efficace de cette Feuille de route, a-t-il fait savoir, le Royaume met l’accent sur la nécessité de consolider une coopération étroite, aux niveaux transnational, sous-régional, régional et international, entre la police, les douanes, ainsi que les services de renseignement et de surveillance des frontières, en matière d’identification et de traçage d’armes à feu et d’enquêtes sur le trafic transnational des armes légères et de petit calibre, et l’utilisation de celles-ci à des fins criminelles, faciliter la circulation entre les frontières et promouvoir le partage des informations et d’expertises sur la circulation des armes illicites, dans la perspective de mettre en place d’une plateforme africaine commune permettant la facilitation des échanges de données.
Au sujet du financement prévisible, le ministre a précisé que celui-ci reste tributaire de l’opérationnalisation du Fonds pour la Paix du Conseil de Paix et de Sécurité de l’UA, destiné à financer 25% des opérations de soutien à la paix, outre sa couverture des activités opérationnelles en matière de la médiation et la diplomatie préventive, ainsi que la capacité institutionnelle.
Pour lui, il est primordial que ce Fonds ne soit pas instrumentalisé à des fins purement politiques, et devrait, en outre, se consacrer aux activités de l’UA liées à la paix et à la sécurité, y compris les activités se rapportant à la prévention et au règlement des conflits.
S.L. (avec MAP)