Le Maroc consolide ses assises africaines (décryptage)
par Taoufik Jdidi
C’est à un revirement spectaculaire auquel l’opinion publique marocaine assiste depuis quelques jours. En effet, les événements se sont accélérés de telle sorte que les plus fins des observateurs n’ont pas pu tenir le bout de la ficelle. Le Maroc a mené une offensive diplomatique tous azimuts couronnée par sa demande d’adhésion à l’Union africaine. Une démarche appuyée par un message royal fort en teneur et qui a mis les points sur les « i » quant à ses relations avec le reste du continent et sa vision pour l’avenir de l’instance panafricaine.
Désormais, le Maroc entend jouer pleinement son rôle au sein de la famille africaine qu’il n’a, d’ailleurs, jamais quittée. Mais, il la retrouve dans des circonstances marquées par la maturité et la clairvoyance de la grande majorité de ses composantes qui ont témoigné de leur attachement aux principes fondateurs de l’unité africaine et revendiqué l’exclusion d’une entité fantoche qui n’a d’existence que dans l’imagination de ceux qui l’ont créée de toutes pièces.
Le Maroc retrouve sa place dans un contexte qui ne ressemble en rien à celui qui prévalait dans les années quatre-vingt et qui a été marqué par la prépondérance des effets de la guerre froide sur les relations inter-africaines. Aujourd’hui, la rapport des forces est beaucoup plus favorable au Maroc qui tout au long des trente-deux années de politique de la chaise vide n’a jamais rompu ses liens avec ce qu’il considère comme ses racines continentales. Alors que ses rapports se limitaient aux pays amis qui n’ont jamais accepté l’erreur historique commise à Nairobi en 1984, à présent le Maroc étend ses relations aux autres composantes africaines y compris à celles qui contrecarraient ses droits légitimes.
C’est dire que le Maroc est de plus en plus confiant et surtout de plus en plus convaincant tant par sa démarche politique que par son modèle économique qui commence à séduire plusieurs africains, au point qu’il est devenu le deuxième pays investisseur en Afrique. Et il faut le reconnaître, la stratégie tracée par le souverain au lendemain de son accession au trône commence à porter ses fruits. Les multiples déplacements effectués dans le continent et les différents accords signés avec ses partenaires dans un esprit gagnant-gagnant ont contribué à renforcer l’assise africaine du royaume et à créer un climat de confiance mutuelle tant nécessaire à la conclusion de bonnes affaires et à la conduite de politiques de développement humain au profit des populations du continent.
N’en déplaise à ses adversaires, le Maroc continuera à mettre en avant les intérêts communs des Africains qui en ont assez des divisions et des basses manœuvres politiciennes. Il suffit de se rappeler le discours historique prononcé à l’assemblée générale de l’ONU, le 1 octobre 2015, pour comprendre que le Maroc est plus que jamais déterminé à dépasser les obstacles qui se dressent devant les peuples africains : «L’Afrique doit être au cœur de la coopération internationale pour le développement afin de l’aider à s’affranchir de son passé colonial et à libérer ses énergies. Aussi, le Maroc lance un appel à l’Organisation des Nations unies et aux institutions financières régionales et internationales pour élaborer un plan d’action pour la transformation économique en Afrique et fournir des ressources pérennes pour son financement.»