Le Maroc du livre à Paris
par Jalil Bennani, psychiatre, psychanalyste et écrivain
Alors que je me trouve dans un grand centre commercial, je vois une foule qui attendait une vraie star, actrice, chanteuse dont on s’arrache l’autobiographie: Grâce Jones. Je questionne un vendeur sur ce qui se passe, sur ce personnage : «C’est une star Monsieur». Ainsi, dans ce lieu, le livre se vend comme un produit commercial. Le lendemain je me rends au salon du livre de Paris pour une signature au stand du Maroc.
Un bel espace «prestige», mais peu de visiteurs à l’exception de la dernière journée plus animée. On aurait souhaité plus de ventes, de débats, d’animation. Quelle est la raison de cette baisse de fréquentation, comparée aux années précédentes?
Pour Abdelkader Retnani, président de l’union des éditeurs marocains «la peur des attentats est en cause pour l’ensemble du salon». Également selon lui «une moindre présence des Marocains et aussi un emplacement peu favorable». Pourtant, par endroits, il est difficile de se frayer un chemin. Dans ces allées se trouvent les stars des signatures. De longues files d’attente dans lesquelles la foule s’engouffre pour avoir une griffe, un regard, quelques mots de leur idole.
C’est un phénomène devenu commun aux écrivains et aux acteurs. Le livre reflète donc bien notre époque et obéit aux lois du marché et de la médiatisation. Ainsi Nadia Essalmi, directrice des Editions Yomad se dit satisfaite des visites reçues grâce à sa forte présence sur Facebook. Si la fréquentation générale a baissé, c’est bien aussi parce que le livre n’échappe pas à l’ambiance parisienne rythmée par les attentats, les dernières enquêtes et découvertes judiciaires.
Pourtant le livre, vecteur de culture et d’éducation reste un puissant antidote contre le terrorisme, l’obscurantisme et l’ignorance. Il faut y croire. En France comme au Maroc.
