Ceux qui ne jeûnent pas pendant le ramadan
Par Rita Lamrani
Comme tous les ans pendant le ramadan, de nombreux citoyens craquent en public à cause des conditions du jeûne, notamment, cette année, de la chaleur excessive. D’autres ne jeûnent pas chez eux. D’autres encore luttent pour le droit à la liberté individuelle. Les autorités ne semblent pas s’en émouvoir et regroupent ces mécréants éphémères dans les pires conditions.
A peine sommes-nous arrivés au onzième jour du mois sacré de ramadan que plusieurs citoyens sont déjà emprisonnés.
A Zagora, le parquet général du tribunal de première instance de la ville a condamné deux hommes à deux mois de prison avec sursis. Ils travaillaient comme manutentionnaires au marché des fruits et légumes et avaient rompu le jeûne, compte tenu de la chaleur excessive de la région, en milieu de journée.
L’article 222 du code pénal stipule que « celui qui, notoirement connu pour son appartenance à la religion musulmane, rompt ostensiblement le jeûne dans un lieu public pendant le temps du ramadan, sans motif admis par cette religion, est puni de l’emprisonnement d’un à six mois et d’une amende de 200 à 500 dhs ».
L’islam est connu pour être une religion de tolérance. Comment alors les citoyens, les religieux et les juristes, ne peuvent-ils pas faire preuve d’un peu de cette même tolérance, vu les conditions de vie et de travail de ces victimes de la justice ? Certes, les deux hommes ont comparu en liberté provisoire le 16 juin, mais fallait-il pour autant créer tout ce tapage pour un simple moment de faiblesse ?
Cependant, tout le monde ne craque pas. Certains choisissent de ne pas jeûner chez eux, contrairement aux militants du droit à la liberté individuelle qui mangent publiquement. Or, au Maroc, les murs ont des yeux et des oreilles et les voisins préviennent les autorités de l’acte blasphématoire.
A Rabat, un homme a été arrêté, ce mercredi 15 juin, pour avoir fumé une cigarette sur la terrasse de son lieu de travail. Le responsable des ressources humaines a prévenu les autorités qui sont venues tout de suite l’emmener au poste afin qu’il justifie son acte «inacceptable». Cet homme que tout le monde se plaît à traiter de mécréant pouvait être malade, incapable de jeûner, diabétique… Mais non, chacun ne veut voir que sa propre vision des choses.
Plusieurs associations, MALI par exemple, qui luttent pour les libertés individuelles, ressassent chaque année le même discours et veulent un Maroc plus libre, plus tolérant.
Une chose est sûre, il faudrait un peu de « tolérance » pendant le mois sacré du ramadan.