Economie

Évolution de l’enseignement. Dr. Mounir Benyoussef : ‘‘Les solutions adoptées doivent être adaptées’’

Les outils technologiques et les méthodes nouvelles déployées actuellement présentent un potentiel de développement et non des moindres. Pour Dr. Mounir Benyoussef, professeur universitaire et directeur du Digital learning de l’Université Hassan II, l’investissement dans des dispositifs tels que le blended learning, le lifelong learning et l’innovation education devrait changer la donne et apporter plus d’efficacité au système national.

Comment le système de l’enseignement a-t-il évolué ces dernières années ?
Il faut dire que le système d’enseignement ne cesse d’évoluer. Dans le monde entier, plusieurs pays entament des réformes du système éducatif à tous les niveaux. Sauf que le système diffère d’un pays à l’autre. Il n’y a pas un modèle unique. Il y a des caractéristiques spécifiques à chaque pays. On essaye quelquefois de se référer au système français ou canadien, faire un patchwork.

À mon sens, chaque réforme devrait s’inspirer de l’environnement dans lequel elle évolue. C’est une donne qui est très importante. Au Maroc, depuis l’instauration du système de LMD, on rencontre plusieurs problèmes et défis. De plus, à chaque fois, nous sommes confrontés à un problème, celui d’une forte ambition, mais qui ne correspond pas à notre système puisque les compétences et les ressources ne sont pas à la hauteur de ces aspirations.

Quel a été l’impact des nouvelles technologies depuis leur introduction ?
Je pourrais dire que l’on se dirige vers la même orientation. Les solutions relatives à l’intégration des nouvelles technologies devraient s’imprégner de notre environnement. Toutefois, j’attire l’attention sur une problématique persistante au niveau des universités marocaines qui est le surpeuplement, alors qu’en parallèle, le nombre d’encadrants, d’enseignants et de chercheurs est minime par rapport au nombre d’étudiants.

À titre d’exemple, pour les projets de fin d’étude, un encadrant se retrouve à chapeauter plus d’une quarantaine d’étudiants, ce qui est inconcevable. Pour les nouvelles technologies, nous avons commencé par l’enseignement à distance dès 2015, avec la première version de Moodle. Et de fil en aiguille, nous avons pu évoluer et adopter un format hybride.

À votre avis, qu’est-ce que cela a apporté au système ?
À mon sens, l’intégration des nouvelles technologies dans le système nous a permis de diversifier les modes d’enseignement. Dans chaque cours que je dispense, j’intègre des éléments liés aux nouvelles technologies, afin d’encourager mes étudiants à se familiariser avec celles-ci. Cela leur permet également de bénéficier d’une complémentarité de la formation. L’effet de cette méthodologie est avéré. De plus, les perspectives sont prometteuses.

Quid des enseignants ?
Il y a eu un grand décalage au niveau des enseignants universitaires. Il y a près de cinq ans, une vague de départs à la retraite a déferlé, ce qui a mis en mauvaise posture le système du moment que les facultés ne comptaient pas assez d’enseignants. Après s’être rendu compte de la défaillance, un recrutement en masse a été opéré dans les rangs des fonctionnaires du ministère. Une reconversion qui n’a pas été couronnée de succès. Face à cet échec, une nouvelle vague de recrutements a eu lieu, sauf que si seulement les nouveaux profils étaient recrutés au moment opportun, ils auraient bénéficier de l’expertise de leurs prédécesseurs.

Quel sera l’impact de l’Intelligence artificielle ?
Rare sont les enseignants qui s’intéressent ou s’adaptent aux changements imposés par les nouvelles technologies. D’autres développent une résistance et une hostilité, dans le même temps où les étudiants aujourd’hui restent à l’affût et suivent le mouvement, ce qui peut créer un décalage. Toutefois, s’agissant de l’IA, l’impact ne peut être que positif. De plus, de par notre histoire et notre savoir en matière de développement des algorithmes, on se doit d’être acteur et pas seulement utilisateur.

Comment le système marocain peut-il s’adapter à ce changement ?
Généralement, le choix des solutions dans les nouvelles technologies doit être en adéquation avec notre système et notre environnement pour que l’efficacité soit optimale. En effet, ces solutions adoptées doivent être adaptées au contexte local et aux besoins spécifiques. Autrement, même avec les meilleurs outils, aucune performance ne pourra être atteinte.

Que préconisez-vous pour mieux performer ?
De par mon expérience dans l’enseignement supérieur, le système le plus approprié reste le Blended learning, un modèle de formation composé d’activités d’apprentissages en présentiel et à distance, dit également hybride. Je reste convaincu que si l’on investit dans ce mode d’enseignement, mais aussi dans le Lifelong learning, le fait de continuer d’apprendre tout au long de sa vie, et d’investir également dans l’innovation dans l’éducation et surtout dans l’autonomie de l’apprenant (learner autonomy), les résultats seront fabuleux.

En effet, les outils technologies y afférents permettent aujourd’hui de renforcer l’indépendance des apprenants, il suffit juste de disposer d’un bon dispositif d’accompagnement au départ pour prendre un bon élan. Un impératif qui s’impose aujourd’hui face au nombre important d’étudiants qui ne cesse de croître, surtout qu’il est difficile de disposer d’autant d’enseignants.

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO

 

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